L'avocat réputé Hubert Delarue a porté plainte contre X pour violation du secret de l'instruction, ce mercredi 12 novembre, une semaine après une perquisition à son cabinet à Amiens, ont annoncé ses défenseurs.
Le 5 novembre le cabinet amiénois de l'avocat avait été perquisitionné "dans le cadre d'un dossier actuellement instruit par Monsieur Gentil, juge d'instruction près le tribunal de grande instance de Lille des chefs de faux et usage de faux", selon la plainte que l'AFP a pu consulter.
"Au cours de cette perquisition, des journalistes de Radio France Picardie ont appelé le bâtonnier Delarue et certains de ses collaborateurs afin de savoir si "se déroulait actuellement une perquisition au sein de son cabinet", détaille la plainte.
"Ces journalistes n'ont pu être prévenus que parce qu'une violation du secret de l'instruction a été commise", estiment les conseils de Me Delarue.
"Nous avons donc l'honneur de déposer entre vos mains plainte contre X, X pouvant être le juge d'instruction lui-même, son greffier, les services de police ayant accompagné le magistrat instructeur, des membres du parquet de Lille ou d'Amiens", conclut la plainte rédigée par les avocats Hervé Temime et Pierre Haïk et leur confrère lillois Eric Dupond-Moretti.
Ces trois avocats pénalistes de renom ont également lancé mercredi une pétition en soutien à Hubert Delarue, réclamant une loi qui renforcerait la protection du secret professionnel. Une première pétition sur le même thème avait été lancée par l'Association des
avocats pénalistes, début mars, en réaction à des perquisitions réalisées au domicile et au cabinet de Me Thierry Herzog, conseil de Nicolas Sarkozy. Elle avait réuni un peu plus de 3.000 signatures.
Hubert Delarue a lui adressé une lettre ouverte à la garde des Sceaux, dans laquelle il explique que cette perquisition serait liée à une fausse promesse d'embauche que l'avocat aurait transmise à un juge pour obtenir la remise en liberté de l'un de ses clients prévenus.
La justice chercherait à déterminer si Me Delarue s'est rendu complice de cette manoeuvre, quand lui assure avoir agi en toute bonne foi, sans savoir qu'il s'agissait d'un faux document.
"Je devrais en rire (...), mais d'un seul coup, l'affront passé, j'ai presque envie de pleurer. Et si c'était simplement indigne? Ainsi va aujourd'hui la justice de mon pays",
écrit l'avocat à la garde des Sceaux. La pétition, elle, sera adressée au président de la République, avec l'exigence d'encadrer enfin par la loi la protection de notre secret professionnel, qu'il s'agisse des écoutes téléphoniques, des saisies de documents confidentiels et des perquisitions".
Les trois avocats signataires s'indignent, en préambule,
de "méthodes ahurissantes et scandaleuses de certains juges qui méprisent notre secret professionnel".