Le Président de la République, François Hollande et le Premier ministre britannique, David Cameron, se rendront jeudi à Amiens (80), pour le 34e Sommet franco-britannique. Au programme : le Brexit, Calais et la préparation des commémorations du centenaire de la bataille de la Somme.
Avant le début du sommet, MM. Hollande et Cameron se recueilleront au mémorial britannique de Pozières, à l’occasion du centenaire de la bataille de la Somme et déposeront une gerbe au pied de la croix du Souvenir. En cette année du centenaire de la bataille de la Somme, ils déposeront une gerbe au pied de la croix du Souvenir. Ils ne manqueront pas d'évoquer les préparatifs des cérémonies du centenaire prévues le 1er juillet au mémorial de Thiepval en présence du prince William et de son épouse Kate.
Les deux hommes se retrouveront ensuite à la préfecture de la Somme à Amiens pour s'entretenir sur les sujets d'actualité, notamment le Brexit et la situation des migrants à Calais.
Le Brexit
L'abréviation Brexit (« British exit ») fait référence à l'hypothèse d'une sortie du Royaume-Uni de l'Union européenne. Au printemps 2015, lors de sa campagne pour briguer un second mandat de Premier ministre, David Cameron avait promis d'organiser un référendum sur le maintien ou non de son pays dans l'UE. Il s'agissait alors de satisfaire une frange des Conservateurs hostiles à l'Union européenne et de bloquer la progression dans les sondages du parti eurosceptique UKIP.Après de longues négociations, un compromis sur le « statut spécial » du Royaume-Uni dans l'Union a été trouvé lors du Conseil européen des 18 et 19 février 2016 et des modifications aux règles communautaires ont été actées sur quatre questions :
- immigration et libre circulation des Européens : le Royaume-Uni pourra limiter certaines aides sociales pour les nouveaux migrants issus de l'UE selon une clause de sauvegarde de sept ans et une échelle graduelle
- monnaie : l'euro ne sera plus considérée comme la monnaie unique de l'UE et toute politique décidée par les Etats membres de la zone euro ne serait qu'une option pour les autres Etats
- marché unique : le Royaume-Uni souhaite d'une part que la libre circulation des capitaux soit perfectionnée et d'autre part que la réglementation européenne pèse moins sur les entreprises
- souveraineté : la mention sur une « Union sans cesse plus étroite » sera retirée des traités fondateurs si l'opportunité de les revoir se présente
L'éventualité du Brexit inquiète à Bruxelles, mais aussi à Paris. En effet, comme le rappelait le 18 février le journaliste Etienne Leenhardt sur France 2, les Britanniques représentent « 13% de la population de l'Union européenne et 15% de sa richesse », sans oublier que cela causerait un manque à gagner de 14 milliards d'euros équivalent à ce que doit verser le Royaume-Uni au pôt européen en 2016.
La « jungle » de Calais
Le Brexit pourrait avoir une conséquence directe sur la situation des migrants à Calais, comme l'a souligné David Cameron le 8 février devant les députés britanniques : « rien n'empêcherait des milliers de migrants de traverser la Manche en une nuit pour venir demander asile dans le Kent ».En effet, le Brexit risque de remettre directement en cause les termes du traité du Touquet conclu par Londres et Paris en 2003. Visant à juguler l'immigration clandestine vers le Royaume-Uni, ce traité a conduit à la mise en place de bureaux de contrôle frontalier communs dans les ports de la Manche et de la mer du Nord.
Xavier Bertrand, président de la région Nord-Pas-de-Calais/Picardie, qui avait réclamé la tenue d'un sommet franco-britannique sur cette question dès l'été 2015, avait aussitôt qualifié de « tournant » la déclaration de M. Cameron, y voyant une « prise de conscience de la dimension internationale du problème [et] l'aveu que la question des accords du Touquet n'est plus taboue », a-t-il affirmé.
La remise en cause des accords du Touquet a été toutefois clairement rejetée par le ministre de l'Intérieur français Bernard Cazeneuve, cité par le journal La voix du nord le 24 février : « repousser la frontière de l’autre côté de la Manche n’empêcherait en rien la formation d’un campement de ce côté-ci de la Manche. Dire le contraire, c’est mentir ».
En attendant, la situation des migrants à Calais est de plus en plus précaire. Le démantèlement de la partie sud de la « jungle », où survivent entre 3 700 et 7 000 personnes selon les sources, a repris mercredi pour le troisième jour consécutif, dans le calme mais sous haute sécurité policière.