Son opération constituait une première mondiale : Isabelle Dinoire se faisait greffer le visage le 27 novembre 2005 après s'être fait attaquer par son chien. Elle est décédée en avril dernier à l'âge de 49 ans, annonce le CHU d'Amiens, des suites d'une "longue maladie".
"L'hiver dernier, elle avait subi un nouveau rejet du greffon et avait perdu une partie de l'usage de ses lèvres" explique Le Figaro, qui a annoncé l'information cet après-midi. Isabelle Dinoire s'était faite greffer le visage par l'équipe de chirurgie maxillo-faciale du Professeur Devauchelle du CHU d'Amiens, une première mondiale. "Par ailleurs, les lourds traitements anti-rejet qu'elle devait prendre à vie avaient favorisé la survenue de deux cancers", explique le quotidien.Peu après la publication de l'information, le CHU Amiens-Picardie a publié un communiqué dans lequel il confirme le "décès de la patiente le 22 avril dernier, entourée de sa famille."
"En accord avec la volonté de ses proches, aucun avis de décès n’avait alors été publié dans la presse, pour préserver leur légitime intimité en ces moments douloureux." explique le CHU dans ce communiqué. Et d'ajouter : "Mme D. est décédée des suites d’une longue maladie."
Avec le professeur Bernard Devauchelle, chef du service de chirurgie maxillo-faciale au CHU d'Amiens
Pas de lien avec la greffe
La patiente aurait succombé en avril à la "récidive d'une tumeur maligne" rare qui ne peut être "scientifiquement reliée" au traitement antirejets qu'elle prenait, a annoncé le centre hospitalier. Les personnes greffées reçoivent des traitements qui inhibent l'activité de leur système immunitaire, pour empêcher leur organisme de rejeter organes ou tissus greffés. Mais ces traitements peuvent aussi favoriser cancers et lymphomes.Selon le CHU, elle avait développé "certaines infections", "une tumeur liée à l'immunosuppression" qui avait été "traitée" et "maîtrisée", avait subi une "diminution de la fonction rénale" et l'"apparition d'une hypertension", a-t-il détaillé. Le Professeur Devauchelle, interrogé par nos soins, refuse également d'établir un lien entre la greffe et son décès.
Depuis novembre 2005, 36 transplantations faciales ont été réalisées dans le monde, dont 10 en France. Six patients sont depuis décédés, selon l'hôpital. Ces opérations ont "montré que la transplantation de face donnait des résultats fonctionnels et esthétiques très supérieurs à ceux offerts par la chirurgie conventionnelle réparatrice", a affirmé le CHU d'Amiens.
Toutefois, "la transplantation faciale est encore en cours d'évaluation. Elle s'inscrit dans des programmes de recherche clinique et ne peut pas être considérée
comme une activité de routine", a conclu l'établissement.