Au lendemain de la décision prise par le tribunal administratif d'Amiens d'annuler l'élection municipale d'Abbeville, le maire PS Nicolas Dumont, qui a saisi le Conseil d'Etat, donne sa version et assume son fameux tract, qui lui vaut cette décision de justice.
"Absent, incompétent, menteur". Trois qualificatifs choisis par Nicolas Dumont (PS) pour parler de son adversaire Stéphane Decayeux (UMP), dans un tract distribué le vendredi 21 mars, juste avant l'élection municipale d'Abbeville. Mercredi 8 octobre, le tribunal administratif d'Amiens a invalidé le scrutin, en s'appuyant sur ce tract.
Nicolas Dumont a saisi le Conseil d'Etat. Il "conteste la décision" du tribunal administratif, "d’autant plus que ce n’était pas la position du commissaire du gouvernement et que nous considérons que nous avons respecté scrupuleusement les dispositions du code électoral", explique l'élu au micro de France 3 Picardie.
Il faut appeler un chat un chat.
Oui, son équipe a distribué un tract intitulé "Absent, incompétent, menteur, trois bonnes raisons de ne pas voter Stéphane Decayeux", dans la soirée du vendredi précédent l'élection. Mais selon l'élu PS, "ce tract a été distribué dans les délais que prévoit le code électoral" (à savoir avant vendredi minuit) et il était d'abord une réponse à des allégations mensongères qui avaient été données dans un tract la veille".
Interrogé sur l'aspect "attaque personnelle" de ce fameux tract, Nicolas Dumont ne s'excuse pas : "Il faut appeler un chat un chat. A partir du moment où on fait soit-même des allégations mensongères... nous, on apporte une réponse."
En mars, Nicolas Dumont avait été élu dès le premier tour, dépassant la majorité absolue de 162 voix. Un écart relativement faible, qui a sans doute peser dans la décision du tribunal administratif, lequel a jugé que l'opération de tractage en cause était "de nature à altérer la sincérité des opérations électorales".
Le socialiste refuse cette vision des faits, préférant souligner l'écart de voix entre sa liste et celle de l'UMP - environ 2.500 voix - et avec celle du FN - environ 3.500 voix. Parlant aux Abbevillois, il se dit "totalement déterminé à ce qu’on ne leur vole pas la victoire sur tapis vert". Il assure que la décision du tribunal "n'est pas la vérité judiciaire", il attend la "décision définitive qui sera celle du Conseil d'Etat" en poursuivant sa mission : "aujourd’hui, nous continuons avec mon équipe à travailler et développer notre ville."
Peut-être y aurait-il une fusion des listes UMP et FN, s'il y avait un second tour demain. La proposition avait été formulée durant la campagne et, bien qu'improbable, pourrait réellement mettre en difficulté Nicolas Dumont. Encore faut-il qu'il y ait bien une nouvelle élection.
La réponse viendra du Conseil d'Etat, à une date qui reste inconnue.