Les quotas laitiers, qui encadraient jusqu'à aujourd'hui la production de lait en Union européenne, vont disparaître. Les producteurs français craignent une chute des prix. Certains d'entre eux se sont mobilisés à Abbeville, dans la Somme pour protester contre cette dérégulation.
Le 1er avril, les vannes s'ouvriront. Plus aucune régulation ne viendra organiser le marché laitier européen. Les agriculteurs français redoutent les conséquences sur leur quotidien.
"Tous les producteurs se retrouveront du jour au lendemain face au fonctionnement impitoyable du marché mondial", craignent les syndicats.
L'Organisation des producteurs de lait (OPL) et la Coordination rurale ont appelé à la mobilisation ce mardi 31 mars. En Picardie, un rassemblement était prévu à Abbeville dans la Somme.
"Il est illusoire de penser que les contrats que les laiteries font signer en faisant pression sur les éleveurs permettront de réguler la production de manière à stabiliser les prix. L'intérêt des industriels est bien au contraire de faire baisser le coût de la matière première. Leur distribution de volumes supplémentaires aux jeunes agriculteurs n'est malheureusement pas associée à des prix minimum garantis."
La crainte des producteurs ? La baisse des prix
Selon l'OPL, le prix moyen du lait en France sur le mois de janvier est tombé à 332 €, soit 0.10 €/T de moins que le mois précédent. Mais la France dépasse néanmoins la moyenne européenne de 328,50 €. Voir la carte interactive de l'OPL sur le prix du lait en Europe. Plus qu'une baisse des prix, certains craignent leur volatilité.
L'ouverture à la concurrence mondiale pourrait être fatale aux producteurs les plus fragiles, ceux qui disposent d'un troupeau de quelques dizaines de bêtes, surtout face à des exploitations comme la ferme des 1000 vaches, à Drucat, près d’Abbeville.
En cinq ans, la Somme a perdu 300 producteurs laitiers, selon l'hebdomadaire, L'Action Agricole Picarde (janvier 2015).
Reportage chez un producteur à la tête d'un troupeau de 160 bêtes. Produisant 1,5 millions de litres par an, lui n'est par inquiet quant à la suppression des quotas :
30 ans de régulation
Le système des quotas laitiers existe depuis 1984. Chaque année, l’Union européenne décide des quantités de référence accordées à chaque pays. Par exemple, la France avait disposé, pour la campagne 2010/11, d’un quota national de 25,6 milliards de tonnes de lait. Chaque pays instaure ensuite le cadre réglementaire qu'il souhaite pour faire respecter cette limitation. Le 1er avril, tout ce dispositif disparaîtra.
Comprendre les quotas laitiers, en 2 minutes par lemondefr