En 1920, la caméra de Gaumont Actualités immortalise le départ des ouvriers indochinois. Danse du dragon, démonstration de sabres : la France salue ses colonies. Des travailleurs chinois, nulle trace. Et pour cause : les régions libérées ne veulent plus de cette main d’œuvre accusée de tous les maux. Meurtres et rapines leur sont reprochés et la population est terrorisée.
Quand les combats s’achèvent, les réfugiés du nord et de l’est sont pressés de rentrer, mais une terre dévastée les attend.Il faut rebâtir et les Chinois ont signé des contrats de cinq ans. Britanniques et Français les mettent donc à l’ouvrage.
Ils signalent les obus, enlèvent les barbelés, enterrent les morts. La population lasse de la guerre cohabite mal avec ces étrangers qui sont taxés de paresse. « Deux Européens font plus que vingt de ces hommes », jure un maire du Pas-de-Calais.
Les Chinois sont accusés de semer la terreur en tirant avec des armes ramassées sur le champ de bataille, en faisant exploser des obus, ou en pillantt les maisons abandonnées. Mal logés, mal nourris, mal payés, ces travailleurs se débrouillent comme ils peuvent, volant bois et charbon. La discipline se relâche avec la fin du conflit. Français et Anglais s’accusent de ne pas contrôler leurs recrues. Et puis, il y a les meurtres. « Les fils du ciel commettent des assassinats en série », raconte le progrès de la Somme.
Des travailleurs enfuis de leur camp et devenus brigands sont arrêtés, jugés et fusillés.
Elus, préfets, dénoncent la main d’œuvre cosmopolite et son départ est réclamé : les Chinois sont renvoyés vers leur pays. Quelques milliers resteront en France et le dernier d’entre eux décèdera en 2002, âgé de 105 ans.
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