Après une panne d'électricité due à un incendie, 176 détenus du centre pénitentiaire de Maubeuge (Nord) ont été évacués sans incident dans la nuit de jeudi à vendredi vers plusieurs prisons. A terme, 80 seront accueillis à la maison d'arrêt d'Amiens.
Un incendie. Une coupure d'électricité. Et une prison plongée dans le noir, aux serrures parfois inopérantes. La situation était suffisamment grave, jeudi 18 décembre, pour décider d'évacuer la maison d'arrêt de Maubeuge (Nord) à 20h30. Une opération rarissime qui concerne près de 400 détenus et qui doit se poursuivre vendredi matin.
La maison d'arrêt d'Amiens est également concernée par le dispositif. "Nous allons accueillir 80 détenus", a déclaré la préfecture de la Somme.
"La première phase de l'évacuation, qui comprenait 176 détenus de la maison d'arrêt, s'est bien déroulée et s'est achevée vers 3h du matin", a déclaré Bruno Clément-Petremann, sous-directeur de l'état-major de sécurité à la direction de l'administration pénitentiaire. "Les 200 autres détenus qui occupent le centre de détention vont être, eux, transférés en fin de matinée", a-t-il poursuivi, précisant qu'ils étaient dirigés vers les établissements de Douai, Sequedin et Annoeullin.
Les détenus considérés comme les plus dangereux ont été évacués par fourgon cellulaire, tandis que les autres l'ont été en autocar, selon des sources concordantes. "Cette nuit, c'était impressionnant, ils ont coupé l'autoroute exprès" pour pouvoir faire circuler les convois de prisonniers, a déclaré Christophe Loyer, syndicaliste Ufap-Unsa Justice qui se trouvait sur place et qui a dénombré pas moins d'une trentaine de véhicules de police.
Pas de chauffage, "black-out total"
L'incendie, très vraisemblablement accidentel selon M. Clément-Petremann, n'a pas fait de blessés. Il "s'est produit à 15h30, un feu électrique au niveau de la maintenance a endommagé un câble à haut voltage de 20.000 volts", a déclaré le secrétaire régional de l'Ufap-Unsa justice, Laurent Scassellati. Ses collègues se sont retrouvés "dans un black-out total" et privés d'électricité et de chauffage.
La question d'une évacuation, une opération rare et délicate, "s'est vite posée", selon M. Clément-Petremann.
"On ne peut pas laisser dans le froid la population carcérale, même si les températures sont en ce moment plutôt clémentes", a-t-il souligné. "Mais même si cela avait eu lieu en plein été, on aurait dû évacuer car il est difficile de fonctionner sans électricité", a-t-il dit. Selon un syndicaliste, de nombreuses portes de la prison sont en effet inopérantes sans électricité.
Une fois l'incendie maîtrisé vers 19h00 jeudi, une équipe d'Eiffage, constructeur et responsable de la maintenance de l'établissement, s'est rendue sur les lieux du sinistre et a exclu toute réparation rapide vu l'ampleur des dégâts, estimant qu'il y en avait "au minimum pour une semaine de travaux", selon la même source.
Des précédents
Les experts doivent encore évaluer le temps nécessaire pour effectuer les travaux et permettre la réouverture de la prison. Les dommages sont toutefois concentrés "dans la zone atelier", d'après la même source.
Le centre pénitentiaire de Maubeuge, ouvert en 1990 et situé à 80 km de Lille, comporte une maison d'arrêt avec des prévenus en attente de jugement et un centre de détention avec des prisonniers en fin de peine. Il ne compte pas de quartier de haute sécurité.
"Il y a toujours un risque mais ce n'est pas une première", a déclaré M. Scassellati, qui a rappelé l'incident d'une "chaudière claquée à la prison de Béthune il y a 3 ans" et selon qui l'évacuation s'était alors "bien passée".
En juin 2010, la prison de Draguignan (Var), qui possédait un nombre similaire de détenus (436) à celle de Maubeuge, avait elle aussi été évacuée, cette fois-ci en raison d'inondations. Une opération d'évacuation à Arles, toujours en raison d'inondations, a également
eu lieu en décembre 2003, a rappelé M. Clément-Petremann. Les personnels de la prison de Maubeuge sont, selon M. Scassellati, encadrés par les forces de l'ordre et les équipes régionales d'intervention et de sécurité (Eris).