La SNCF entendue au Conseil régional : on sait enfin pourquoi les trains sont en retard

Le président du Conseil régional de Picardie, Claude Gewerc, a invité le directeur général de la SNCF en charge des régions et Intercités. Devant les élus réunis en session plénière, ce dernier s'est expliqué sur les perturbations récurrentes dont se plaignent les passagers du rail picards.

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On y voit enfin plus clair. Vendredi 27 mars, le directeur général de la société de transport ferroviaire en charge des régions et Intercités, Alain Le Vern, s'est exprimé devant le Conseil régional de Picardie. 163 élus étaient rassemblés en session plénière.

Objet de l'audition : les perturbations récurrentes dont se plaignent les voyageurs picards et les associations qui les représentent. La SNCF était invitée à s'expliquer, ce qu'elle a fait.


"Du grand n'importe quoi"


Entre les retards quotidiens (parfois importants) et les trains supprimés, les usagers des lignes Paris-Beauvais, Paris-Amiens et Paris-Saint-Quentin doivent faire preuve de beaucoup de compréhension. Les statistiques de régularité produites par la SNCF elle-même attestent de la médiocrité des performances actuelles.


Les conseillers régionaux ont donc grondé la SNCF. "Réseau calamiteux", "service public honteux", "grand n’importe quoi", "difficultés intolérables",... Pendant 1h30, les mots les moins tendres ont été employés par les élus de tous partis politiques.

Les explications de la SNCF


L'agent de la SNCF n'a pas tiqué. Diplomatiquement, il a dit "comprendre le ras-le-bol des usagers" avant de présenter les raisons, selon lui, de cette situation. Un dossier les récapitulant a été donné à la presse.

  • Des difficultés et erreurs de maintenance
Les rames sont anciennes, vétustes. Elles tombent de plus en plus en panne. Quant aux tout nouveaux Régiolis : eux aussi sont victimes d'incidents techniques ! A cela s'ajoute des difficultés au centre de maintenance du Landy : des voies n'ont pas été libérées pour faire place aux nouveaux Régiolis, dont l'arrivée "n'a pas été suffisamment anticipée" ; il manque 8 électriciens, aucun des 36 candidats à l'embauche n'ayant "pas satisfait aux exigences" ; et le dépôt de la Chapelle, à l'entrée de la gare du Nord, a été fermé en novembre 2014, obligeant les agents à garer les locomotives au centre du Landy, nouveauté qui a généré "des erreurs à l'origine de mises à quai tardives à la gare du Nord".

  • Les nouveaux horaires et l'ouverture à la concurrence
Avec le service annuel 2015, c'est-à-dire les nouveaux horaires et réglementations de circulation appliqués depuis le 14 décembre 2014, la SNCF a perdu de sa souplesse. D'une part, le nombre de "crochets courts" (fait de réutiliser un train rappidement) est passé de 5 à 11 : la circulation est donc tendue et un retard en produit mécaniquement un autre. D'autre part, les trains n'ont plus le droit de rester à quai plus de 20 minutes en gare de Paris Nord, afin de libérer les voies pour les éventuels concurrents de la SNCF (Bruxelles ayant exigé l'ouverture à la concurrence) : une contrainte, qui oblige la SNCF a faire plus de mouvements avec ses trains, synonyme de pertes de temps et de risques d'incidents.

  • Manque de personnel
Les nouveaux horaires ont un autre effet pernicieux. Toujours dans une logique d'optimisation des moyens, ils ont été conçus pour utiliser le moins de conducteurs possibles et gagner un maximum de temps entre les trajets. Sauf que "certains enchaînements de conducteurs ne sont plus possibles et demandent plus de moyens", constate aujourd'hui la SNCF. Ce service annuel "déproductif" fonctionne d'autant moins bien que les personnels manquent de plus en plus à l'appel : "le nombre d'absence pour maladie a significativement augmenté, en particulier à Creil", mais également les absences pour délégation syndicales, "passées de 5 à 15 jour/agent/an", et des congés pris sans préavis par certains cheminots.

Quelques solutions


Bien sûr, tous ces problèmes ne peuvent pas être résolus facilement (il n'est pas prévu de rechanger les horaires ni de changer la politique d'ouverture à la concurrence de Bruxelles ou de débloquer des milliards d'euros pour remplacer tout le matériel...). Bien entendu, il y a également des travaux en cours, ainsi que des incidents de sécurité (les alertes à la bombe se sont multipliées depuis les attentats et les agressions ont augmenté de 33% en 2014 ce qui peut générer des retards et des grèves).

Mais la SNCF a tout de même un plan d'action :
  • Nouvelle session de recrutement pour la maintenance.
  • Evacuation des voies pour faire place aux Régiolis.
  • Collaboration avec Alstom tous les samedis pour fiabiliser les Régiolis.
  • Mis en place d'un gestionnaire de moyens pour les trains entre Paris Nord et le Landy.
  • Réorganisation pour passer de 11 à 7 "crochets courts".
  • Formation de 10 nouveaux conducteurs.
Grace à cela, l'ambition affichée pour la régularité des trains est celle d'un retour à la normale progressif entre avril et septembre. Gentiment, la SNCF a doublé les indemnités pour les abonnés : le coût de leur forfait a été diminué de 20% sur janvier et février.
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