Le maire écologiste de Grande-Synthe (Nord) a mis en garde jeudi le Premier ministre contre l'éventuelle émergence dans sa ville d'un camp de migrants de la taille de celui de Calais, à laquelle contribuerait selon lui l'évacuation mercredi du camp proche de Téteghem.
Le camp de Grande-Synthe accueille actuellement de 1 200 à 1 500 migrants, selon le maire écologiste Damien Carême, et se situe à quelques kilomètres de celui de Téteghem, dont les 250 migrants ont été évacués mercredi.
Cette évacuation "aura une conséquence, l'augmentation du nombre de réfugiés dans le camp de Grande-Synthe qui deviendra de facto le seul camp du Dunkerquois avec un risque majeur: celui d'en faire l'équivalent de celui de Calais", a affirmé l'élu dans une lettre à Manuel Valls dont l'AFP a obtenu copie mercredi.
La "Jungle" de Calais, à environ 40 kilomètres de Grande-Synthe, compte quelque 4 500 migrants. "C'est sur ma commune que résideraient tous les dangers, avec des conséquences désastreuses pour l'image de cette banlieue, la plus pauvre de l'agglomération", poursuit Damien Carême. "Calais est une catastrophe humanitaire liée à l'inconséquence des décisions des Etats. La France, pays des droits de l'homme, devrait avoir honte qu'une situation tiers-mondiste puisse exister sur son territoire. Elle ne trouvera pas de place dans ma commune", martèle-t-il.
"Impossible"
"Cela fait des mois que je réclame le déplacement du camp de ma commune vers un autre lieu, moins proche des habitations, et de profiter de ce déplacement pour ramener le nombre de réfugiés à 300. "Impossible", n'ont eu de cesse de me répondre M. le préfet et M. le sous-préfet", regrette Damien Carême.
"A défaut de recevoir des réponses claires et rapides, je prendrai toutes mes responsabilités d'élu afin que l'Etat assume pleinement ses devoirs et engagements auprès des Grand-Synthois", prévient le maire. Son cabinet a évoqué à l'AFP d'éventuelles "actions" pour faire entendre le message, sans préciser si cela pouvait signifier des actions judiciaires. De son côté, la préfecture du Nord a indiqué que "la majorité des migrants qui étaient présents sur le camp de Téteghem ont été orientés vers des centres d'accueil et d'orientation situés dans l'Allier, les Landes et la Savoie".
"La situation de Grande-Synthe sera examinée avec son maire qui a été en permanence associé au travail mené par le sous-préfet, en totale opération avec les collectivités concernées", a-t-elle poursuivi.