Manuel Valls a déclaré que cette peine était "indéniablement lourde" concernant la condamnation des 8 ex-Goodyear à de la prison ferme. Mais qu'il ne fallait pas "basculer dans la violence", quelle que soit la cause.
Le 1er ministre a laissé entendre que la décision en appel pourrait être un juste milieu entre respect du combat syndical et respect des personnes.
Le Premier ministre Manuel Valls a reconnu ce jeudi 14 janvier au Sénat que la peine de neuf mois de prison ferme pour huit ex-salariés de Goodyear était
"indéniablement lourde" mais a estimé qu'il ne fallait pas "basculer dans la violence".
Alors qu'une pétition de soutien à ces salariés avait recueilli jeudi soir plus de 50.000 signatures dont celle de Jean-Luc Mélenchon, le Premier ministre a souhaité "prendre le temps" de répondre aux critiques lors de la séance des questions au gouvernement, au Sénat.
"Cette décision, elle est lourde, indéniablement, mais elle est celle de cette juridiction de première instance (...) il faut la respecter tout en mesurant, et
nous le mesurons, le choc pour les syndicalistes condamnés, pour les salariés et leurs familles de cette entreprise", a-t-il déclaré en réponse à une question de la sénatrice communiste Michèle Demessine.
Mardi 12 janvier, huit ex-salariés de l'usine Goodyear d'Amiens-nord ont été condamnés à neuf mois de prison ferme pour la séquestration durant 30 heures en 2014 de deux cadres dirigeants de l'entreprise, qui avaient pourtant retiré leurs plaintes.
Insistant sur le fait que "la justice est indépendante" en France, en réponse aux critiques sur une "justice de classe" qui aurait été orchestrée par le gouvernement, le Premier ministre a rappelé que si "le combat syndical est toujours respectable, le respect des personnes est un autre principe fondamental"."Tout n'est pas permis, y compris quand la violence sociale est très importante", a-t-il insisté. "Il n'y aura pas dans notre pays de criminalisation de l'action
syndicale et je n'accepte pas le soupçon ou le sous-entendu", a-t-il promis.
Après cette prise de position du chef de la majorité, le parti socialiste a dénoncé dans la soirée "une décision excessive et maladroite". "Toute violence est évidemment condamnable", a-t-il expliqué dans un communiqué mais "les peines prononcées sont particulièrement lourdes". "Maladroite, car sa sévérité la rend peu compréhensible et donc peu défendable", a-t-il ajouté.
Le porte-voix du Parti de gauche, Jean-Luc Mélenchon, a de son côté accusé jeudi matin sur RTL le gouvernement de vouloir "que l'on matraque les travailleurs".
"Il s'agit d'une décision d'une cruauté inouïe",
a-t-il considéré.
De son côté, Europe Ecologie-Les Verts a regretté "la pression incroyable mise aujourd'hui sur les salariés d'entreprises qui licencient", y voyant "un signal envoyé par le parquet aux syndicats". "Le temps où les patrons voyous étaient davantage poursuivis que les salariés licenciés" est "derrière nous", a ajouté le parti dans un communiqué.
Exigeant "l'annulation de ce jugement inique", le Parti communiste a appelé dans un communiqué à "une riposte d'ampleur". Cette décision de justice est pour le parti "une atteinte insupportable aux droits des salariés, de syndicalistes de défendre leurs emplois en défendant par là même l'intérêt de populations et de territoires saignés par les choix de grands groupes dont la seule boussole est la rémunération des actionnaires au détriment de l'intérêt général".