La consommation du protoxyde d'azote, un gaz hilarant qui peut causer de grands troubles, est devenue un problème majeur de santé publique.
Cinq nouveaux cas graves. Les médecins du CHU soupçonnent de nouveaux cas d'atteintes neurologiques graves chez des consommateurs de protoxyde d'azote dans les Hauts-de-France. En tout, depuis le début de l'année, le chiffre pourrait être porté à 13 cas.
De quoi de nouveau tirer la sonnette d'alarme autour de l'usage croissant de ce gaz hilarant, notamment chez les plus jeunes. L'un des nouveaux cas soupçonnés aurait 17 ans. Le phénomène touche particulièrement le Nord et le Pas-de-Calais, bien plus qu'ailleurs en France. "On s'inquiète de la situation sanitaire, du fait de ces complications qui sont en train d'émerger", explique à France Bleu Nord Sylvie Deheul, médecin au centre d'addictovigilance des Hauts-de-France, "on a un certain nombre de remontées de cas, mais on est sans doute encore loin de la réalité".
Dans le monde médical, le protoxyde d'azote est utilisé comme anesthésiant. Il est d'ailleurs classé sur la liste 1 des stupéfiants. Aujourd'hui, il est entré dans nos cuisines pour fabriquer de la crème Chantilly. Son usage est détourné. C'est ainsi qu'une drogue se vend pour quelques centimes d'euros en boutique et sur internet.
La mission interministérielle de lutte contre les drogues et les conduites addictives alerte aussi sur la question et rappelle les dangers de cette pratique :
-des risques immédiats : asphyxie par manque d'oxygène, perte de connaissance, brûlure par le froid du gaz expulsé de la cartouche, perte du réflexe de toux (risque de fausse route), désorientation, vertiges, risque de chute ;
-des risques en cas d'utilisation régulière et/ou à forte dose : atteinte de la moelle épinière, carence en vitamine B12, anémie, troubles psychiques.
"Le produit inhibe la vitamine B12 qui est un élément important du fonctionnement des neurones, en particulier de la moeele épinière qui véhicule les informations motrices (pour marcher) et sensitives), "explique Régis Bordet, directeur du centre d'addictovigilance et de pharmacovigilance de Lille.
En tant que rapporteur de la proposition de loi de @valerieletard tendant à protéger les #mineurs des usages dangereux du protoxyde d’azote, j’ai effectué un déplacement dans le département du Nord pour rencontrer le personnel médical et les élus. #SantéPublique @Senat pic.twitter.com/YZP5QcW2iL
— Jocelyne Guidez (@JocelyneGuidez) November 28, 2019
Peut-on l'interdire ? Dans le Nord et le Pas-Calais / une vingtaine de maires s'y emploient. Tous ont pris ces derniers mois des arrêtés municipaux interdisant la vente et la consommation. Mais sans cadre législatif national, ces mesures locales ont leurs limites. C'est la conviction de ces deux sénatrices qui ont porté une proposition au Parlement… Mais jusqu'où peut aller cette loi ?
"Aujourd'hui, ce qu'il faut, c'est interdire la vente aux mineurs", résume Valérie Letard, sénatrice du Nord. Mais une limite apparait déjà : la plupart des cas graves concernent des majeurs. le projet de loi sera examinée le 11 décembre prochain.