Focus sur les quartiers prioritaires. Ces quartiers où le taux de pauvreté est plus élevé que la moyenne. Jean-Louis Borloo a récemment rendu un rapport à ce sujet, sur demande d'Emmanuel Macron. Notre région est la deuxième plus concernée.
Dans les Hauts-de-France, 670 000 personnes vivent dans les quartiers prioritaires, qui souffrent souvent d'une mauvaise réputation. 45% de la population de ces quartiers vit en-dessous du seuil de pauvreté et à cette urgence économique, s'ajoute un accès difficile à l'éducation, à l'emploi, au logement ou encore à la santé.
La Région Hauts-de-France compte 199 QPV (QPV ou Quartier Prioritaire de la Politique de la Ville est la dénomination administrative de la ville).
Dans son rapport, l'ancien ministre d'Etat Jean-Louis Borloo, cite ceux qui ont besoin de plus d'investissements et de plus d'attention comme à Lille, Valenciennes, Lens, Beauvais ou Amiens.
Un sentiment d'abandon
A Beauvais, dans le quartier Argentine, l'horizon est caché par les barres d'immeubles. Le taux de chômage dépasse les 30% et le revenu médian est deux fois moins élevé que dans le reste de la ville. Ce quartier prioritaire, appelé ici la "ZUP", fait régulièrement la Une des journaux. Mais quand on parle d'insécurité, les habitants expriment un sentiment d'abandon. "Ils font rien pour nous. On laisse les jeunes se débrouiller et après on s’étonne qu’ils tombent dans la délinquance".
La politique de la Ville initiée par le gouvernement précédent, devait permettre aux habitants de ces quartiers de mieux s'insérer dans la société. Cette responsabilité relève des intercommunalités, notamment par le biais de la rénovation urbaine, explique Franck Pia, vice-président de l'agglomération du Beauvaisis. "Cette fracture est réparable. A partir du moment où un quartier s’améliore, automatiquement on a une autre vision des habitants de ce quartier donc tout particulièrement des jeunes. Mais ça ne suffit pas. Il faut aussi qu’on ait une politique d’accompagnement social et il faut que les jeunes soient occupés".
Priorité sur la jeunesse
Dans les Hauts-de-France, plus d'un quart des habitants de ces quartiers a moins de quinze ans.
A Amiens Nord, l'association 1000 visages propose des ateliers cinéma aux jeunes du quartier. En imaginant des synopsis de film, ils racontent un peu leurs rêves, leurs angoisses, leurs interrogations. Plus que des ateliers, ces actions sont nécessaires à en croire les mots du réalisateur-animateur. "Elles servent de soupapes à quelque chose qui pourrait exploser".
Dans son rapport, l'ancien ministre appelle ce type d'initiative "grandir par la culture". Il conseille de le généraliser mais cela demande un budget important.
Investir pour prévenir la délinquance
Dans le cas du contrat de ville, sur l'année 2018, Amiens finance près de 300 000 euros des actions comme celles-ci. "Si on prend l’ensemble du programme d’actions avec toutes les actions de tous les partenaires, avec également les services de l’Etat, on a un contrat de ville qui est financé annuellement à plus de 3 millions d’euros au sein de nos 6 quartiers prioritaires classés en politique de la ville" ajoute Henri Montigny, directeur de la politique de la Ville
Jean-Louis Borloo appelle les habitants de ces quartiers les âmes invisibles. Il parle aussi de l’urgence d’une réconciliation nationale. Il préconise d’investir dans la prévention de la délinquance, d’encourager le sport, de travailler sur la citoyenneté ou encore d’aider ces jeunes à partir en voyage. Il fait en tout 19 grandes propositions.
Emmanuel Macron devrait s’inspirer de ce rapport pour présenter deux mesures d’ici la fin du mois de mai.