Un rapport accablant sur l'état et les pratiques déplorables dans la maison centrale de Château-Thierry a été rendu public par la contrôleure générale des lieux de privation de liberté (CGLPL) récemment. Qu'ont à dire les autorités ?
Des photos de cellules jonchées de détritus, occupées par des personnes détenues en état "d'incurie, voire de prostration", odeurs "pestilentielles"... Le rapport des émissaires de la contrôleure générale des lieux de privation de liberté (CGLPL) Adeline Hazan, qui ont visité la maison centrale de Château-Thierry à deux reprises en 2015, est effrayant.
Résultat : le quartier maison centrale de la #prison de Château-Thierry, c'est ça pic.twitter.com/BMFDPj0IND
— OIP (@OIP_sectionfr) 10 août 2017
Les ministères concernés ont répondu à ce rapport par des "observations", transmises le 19 juin par la ministre de la Santé Agnès Buzyn, et le 14 avril par Jean-Jacques Urvoas, alors garde des Sceaux.
La ministre de la Santé souligne qu'elle se heurte à un "facteur de difficulté majeure" : le manque de praticiens dans l'Aisne et la "faible attractivité" du milieu pénitentiaire pour les médecins. Mais promet une "présence effective médicale quotidienne" et des "pratiques professionnelles respectueuses du droit des patients".
Un "protocole" a été établi pour les injections forcées: une personne détenue "en grande agitation et potentiellement dangereuse pour elle-même ou pour autrui" et refusant de prendre un médicament pourra recevoir une "première injection" en prison, qui devra être "concomitante" à une demande d'hospitalisation, assortie d'une demande de soins psychiatriques du préfet.
Jean-Jacques Urvoas a assuré que les recommandations sur les soins sans consentement avaient été "entendues". "La grande vétusté de l'établissement justifierait d'importants travaux de rénovation", reconnaissait-il, évoquant de prochains "arbitrages" sur certaines demandes de la direction de l'établissement.
L'administration pénitentiaire assure que la prison a engagé une "action volontariste" pour aider les détenus à rester propres et à nettoyer leurs cellules.
Prisons : "Il faut s'interroger sur le maintien en détention" des personnes atteintes de troubles mentaux https://t.co/FUm4Hv3Nml pic.twitter.com/fwpz7rN0Nk
— franceinfo (@franceinfo) 11 août 2017
Contacté par nos soins, le député-maire Jacques Krabal se dit quant à lui surpris d'une telle situation et souhaite organiser une visite de la Maison Centrale à son retour fin aout - début septembre.
Il confirme la vétusté de l’établissement et les surfaces insuffisantes mais affirme n'avoir jamais remarqué, lors de ses deux dernières visites, ni la saleté des cellules ni les injections forcées. À l'époque, détenus et gardiens n'auraient pas fait état de ces pratiques.
Le centre pénitentiaire de Château-Thierry, construit en 1850, se caractérise pas une structure immobilière vieillissante et une vetusté des bâtiments, des locaux et des cellules. Selon le rapport de la CGLPL, si la capacité théorique d’accueil l'établissement est de 75 places, il accueille en réalité 134 personnes.