Des patients, des médecins... mais pas de consultations : pourquoi "l'hôpital de campagne" n'a pas pu fonctionner

L'hôpital de campagne est installé dans la salle des fêtes de la commune de Decize (Nièvre). Une trentaine de médecins ont été invités par la maire, Justine Guyot. Généralistes, pédiatres, gériatres ont tous répondu présents, mais ces derniers ne peuvent pas consulter les patients venus en nombre.

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Les patients sont venus nombreux pour consulter un spécialiste à l'hôpital de campagne installé dans la salle des fêtes de la commune de Decize ce mardi 19 novembre. Une initiative menée par la maire de Decize, Justine Guyot (PS).

"J'ai mon docteur, il est à 20 km"

Une dame âgée, parmi les patients présents, souhaite consulter un dermatologue. Elle précise qu'elle vient de la part de son généraliste. Elle souhaite voir un spécialiste "depuis des mois".


Plus loin, un homme d'âge mûr explique sa présence à l'hôpital de campagne : "c'est une raison militante, je trouve que c'est important de le faire et de le dire. Il y a une pénurie de médecins incroyable, surtout des spécialistes." Il précise qu'il est là pour voir un cardiologue :"Au mois de mai, j'ai eu une attaque cardiaque, je n'ai qu'un cardiologue qui est sur Nevers, qui est à l'hôpital. J'ai la chance d'avoir un médecin traitant, mais pour une spécialité telle que la cardiologie, c'est plus compliqué et c'est plus contraignant."

Un hôpital de campagne, pour quoi faire ?

Justine Guyot explique qu'en octobre dernier, elle avait pris un arrêté municipal "interdisant aux concitoyens de tomber malades." Un arrêté symbolique, mais tout de même suivi par 60 autres communes de la Nièvre, pour dénoncer la désertification médicale du département.

Mais à ce problème de déserts médicaux s'ajoute celui de la difficulté des médecins diplômés en dehors de l'Union Européenne de pouvoir pratiquer en France. Justine Guyot explique qu'à la suite de cet arrêté, elle a été contactée par une association, l'IPADECC (association de défense des médecins diplômés hors Union européenne), "une association qui comprend des médecins qui ont souhaité organiser un événement, un hôpital de campagne, pour dénoncer à la fois la situation de ces territoires abandonnés et des difficultés qu'ils rencontrent à travers la désertification médicale, et de pouvoir mettre en lumière la situation qui est la leur, une situation d'injustice où ils soignent au quotidien des Françaises et des Français. Ils ne sont pas reconnus à leurs juste compétences."

Pourquoi les médecins n'ont-ils pas pu consulter ce jour ?

La maire explique que ce mardi 19 novembre, elle n'a pas pu faire fonctionner l'hôpital de campagne à cause d'un veto du Conseil de l'Ordre des Médecins : "Ils n'ont pas le grade, le numéro RPPS (répertoire partagé des professionnels de santé, unique lors de l'inscription à l'Ordre ndlr) pour prescrire et organiser de véritables consultations."

Malgré l'impossibilité de consulter des médecins, l'hôpital de campagne est resté ouvert, dans un but démonstratif, selon Justine Guyot : "Nous n'avons pas souhaité faire avorter ce projet, car l'objectif est un objectif d'interpellation, de mettre en lumière ces territoires qui sont des déserts médicaux et plaider la cause de ces médecins qui ne demandent qu'à exercer chez nous et qui ne peuvent pas. Car ils sont dans des précarités administratives qui aujourd'hui ne sont pas résolues au niveau du gouvernement."

Les médecins sont donc restés pour rencontrer la population et discuter avec les habitants. 10% de la population n'a pas accès à un médecin généraliste.

Une autre élue était présente : la présidente de la Région Bourgogne-Franche Comté, Marie-Guite Dufay (PS), venue apporter son soutien à Justine Guyot : "Il n'y a pas plus important pour les Français que les questions de santé. Les médecins qui manquent en milieu rural, particulièrement dans la Nièvre, c'est un problème énorme. La maire lance un double appel : un appel pour les territoires ruraux qui manquent trop de médecins, et un appel pour défendre ces médecins qui sont les oubliés de l'hôpital, et qui dans des conditions de précarité, assurent un service important !"

Un député de Normandie présent

Philippe Brun, député de l'Eure est venu ce mardi à l'hôpital de campagne. C'est parce que son département se trouve être le premier désert médical de France qu'il est présent et solidaire de l'initiative de l'hôpital de campagne : "9 millions de Français vivent dans un désert médical. Je suis député de l'Eure, qui est le premier désert médical de France Métropolitaine. On a perdu 50 médecins dans les 5 dernières années et on en perd encore 10 dans ma circonscription dans les années qui viennent. Je suis venu dire ma solidarité et la solidarité de tous les territoires qui vivent ce drame de la désertificiation médicale."

Le député souhaite revoir la répartition des praticiens sur le territoire national. Il prend un exemple : "On est dans une situation qui n'est pas normale : il y a 3 fois plus de médecins par habitant dans les Hautes-Alpes que dans la Nièvre, c'est une situation qui est inacceptable. La Nation garantit à chacun le droit à la santé, c'est ce qui est écrit dans la Constitution de la France. Il faut respecter aujourd'hui le droit. Je n'accepte pas que dans le 7ème pays le plus développé du monde, une situation dans laquelle on paye tous les mêmes cotisations sociales, on n'a pas le même accès à la santé." 

Le député PS de l'Eure est aussi à l'initiative d'une proposition de loi transpartisane pour réguler l'installation des médecins sur les territoires : "le but, c'est d'appliquer aux médecins ce qu'on applique à d'autres professions réglementées." Le député cite alors les exemples des pharmaciens, des notaires, des huissiers de justice.

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