"Des gens sont en train de crever" : après l'interdiction de tomber malade, un hôpital de campagne installé à Decize

Nouvelle mesure forte à Decize (Nièvre). Pour interpeler l'Etat et l'ARS sur la pénurie de médecins, la maire de la ville installera, le 19 novembre, un hôpital de campagne dans la salle polyvalente. Des consultations gratuites de spécialistes y seront dispensées.

Société
De la vie quotidienne aux grands enjeux, découvrez les sujets qui font la société locale, comme la justice, l’éducation, la santé et la famille.
France Télévisions utilise votre adresse e-mail afin de vous envoyer la newsletter "Société". Vous pouvez vous désinscrire à tout moment via le lien en bas de cette newsletter. Notre politique de confidentialité

C’est une maire en colère qui décroche le téléphone. Justine Guyot l’annonce : elle n’en "peut plus". Decize, sa ville, fait face comme tout le département de la Nièvre à une pénurie de médecins. En 2024, la commune de 5000 habitants compte deux praticiens, contre neuf il y a quinze ans. Les urgences de la ville sont quant à elles régulièrement fermées. 

"On est impuissants"

"Je reçois des gens avec des tumeurs au visage qui me disent « Madame le maire, comment je fais pour voir un dermatologue ? ». Je ne sais plus quoi leur répondre, regrette Justine Guyot. J’ai une responsabilité, celle de protéger les habitants, mais on est impuissants. On en pleure."

"Il y a une réalité, il y a des gens qui sont en train de crever dans nos territoires"

Justine Guyot, maire (PS) de Decize (Nièvre)

Pour alerter sur la situation, la maire (PS) publie, le 8 octobre, un arrêté interdisant symboliquement à ses administrés de tomber malade. Rapidement, une soixantaine de communes de la Nièvre rejoint le mouvement. L’affaire retentit nationalement.

► À LIRE AUSSI : Une maire interdit à ses concitoyens... de tomber malades ! "Je me moque des gens qui se moquent de nous"

La solution des praticiens diplômés hors de l’UE 

Quelques jours plus tard, Justine Guyot est contactée par une association, l’IPADECC (Intégration Praticiens à diplôme étranger engagés contre la crise). Celle-ci milite pour la régularisation des Padhue, les praticiens diplômés hors de l’Union européenne. Autorisés à exercer temporairement en France pour soutenir le système de soins, ils sont entre 3000 et 4000 à travailler dans les hôpitaux, souvent de manière précaire. 

Ensemble, l'édile et l'association imaginent un nouveau coup d’éclat : l’installation d’un hôpital de campagne éphémère dans la salle polyvalente communale. "On va l’aménager avec des tentes, des brancards, des SAS individuels, une salle d’attente, une cafétéria… tout comme un hôpital", décrit la maire. 

Des consultations gratuites de spécialistes

Le centre temporaire accueillera, le 19 novembre, 25 praticiens Padhue, dont des dermatologues, endocrinologues, gériatres, psychiatres ou encore dentistes. Ils consulteront gratuitement les habitants qui le souhaitent. 

"L’idée, c’est de montrer qu’il y a une ressource non utilisée, martèle Justine Guyot. Ces médecins sont là et sont compétents."

"Ils seraient prêts à venir dans les déserts médicaux s’ils étaient régularisés. Et ici, le besoin est tel que nous les accueillerions à bras ouverts."

Justine Guyot, maire (PS) de Decize (Nièvre)

En quelques jours, sans même communiquer, la mairie a déjà reçu plusieurs demandes de prises de rendez-vous. "C’est dire la souffrance", constate la maire. 

Si Justine Guyot demande la régularisation immédiate des Padhue, elle souhaiterait aussi une régulation de l’installation des médecins pour lutter contre les déserts médicaux, comme c’est déjà le cas pour les kinés, les infirmiers ou plus récemment les dentistes. Une demande rejetée en bloc par les médecins. 

En attendant, la maire de Decize espère que l’hôpital de campagne permettra d’interpeler l’ARS et l’Etat. "Et si ça ne marche pas, on recommencera", prévient-elle.

Tous les jours, recevez l’actualité de votre région par newsletter.
Tous les jours, recevez l’actualité de votre région par newsletter.
Veuillez choisir une région
France Télévisions utilise votre adresse e-mail pour vous envoyer la newsletter de votre région. Vous pouvez vous désabonner à tout moment via le lien en bas de ces newsletters. Notre politique de confidentialité
Je veux en savoir plus sur
le sujet
Veuillez choisir une région
en region
Veuillez choisir une région
sélectionner une région ou un sujet pour confirmer
Toute l'information