"On repart de zéro" : après qu'Altifort a été officiellement écarté par l'Etat faute de fonds nécessaires pour reprendre l'aciérie Ascoval de Saint-Saulve (Nord) et ses 281 salariés, le tribunal de Strasbourg se penche de nouveau sur ce dossier mercredi.
L'audience, qui débutera à 9H devant la chambre commerciale du TGI aura pour objet de "constater qu'Altifort n'est pas en état d'exécuter le plan" et donc de "prononcer sa résolution", a expliqué l'avocat d'Ascoval Me Guilhem Bremond.
En résumé, le tribunal décidera si la reprise par Altifort est annulée et pourrait également mettre en place un calendrier provisoire pour permettre aux nouveaux candidats à la reprise de se manifester et d'étudier leurs dossiers.
Mardi, lors d'une réunion à Bercy entre les différents acteurs du dossier, le ministre de l'Economie Bruno Le Maire a demandé à Altifort de "se retirer de toute possibilité de reprise d'Ascoval", estimant que le groupe franco-belge avait "trompé les salariés", mais aussi "les élus locaux et l’État".
Cinq jours plus tôt, Altifort, qui devait reprendre l'usine le 1er février, avait créé la surprise en reconnaissant ne pas avoir obtenu "les financements externes" nécessaires. Le groupe sidérurgique n'est en effet pas parvenu à réunir les 35 millions d'euros qu'il s'était engagé à apporter lors de la validation de la reprise en décembre et a donc demandé la résolution du plan de cession d’Ascoval. Selon un participant à la réunion de Bercy, son PDG s'est défendu d'avoir "trompé" les acteurs du dossier, invoquant des conditions financières dégradées et le désengagement de son "partenaire financier".
"Coup de massue"
Après ce revers, l'Etat a affirmé mardi se donner un mois pour trouver un autre repreneur. "On a reçu un gros coup de massue", mais "nous sommes tous déterminés et tout le monde tire dans le même sens", a affirmé le PDG d'Ascoval, Cédric Orban, précisant que la trésorerie de l’entreprise permettait de tenir "pendant un mois".
Quant aux candidats repreneurs, M. Orban a évoqué "trois, quatre industriels qui sont dans nos métiers", "deux, trois industriels qui sont en dehors de nos métiers et "des fonds d'investissement".
"Les délais semblent courts mais on ne part pas d'une feuille blanche", a observé le président de la région Hauts-de-France Xavier Bertrand, insistant sur la progression des "carnets de commandes". "Nous continuerons à nous battre afin de trouver un repreneur. Toutes les pistes doivent être explorées. Nous n’abandonnerons pas tant que les salariés d’Ascoval y croient encore", a-t-il aussi tweeté.
Nous continuerons à nous battre afin de trouver un repreneur. Toutes les pistes doivent être explorées. Nous n’abandonnerons pas tant que les salariés d’#Ascoval y croient encore.
— Xavier Bertrand (@xavierbertrand) 26 février 2019
"On repart de zéro"
"On doit battre le record d'une reprise et d'une fin de reprise" dans un délai "aussi court", a déploré Bruno Kopczynki, porte-parole de l'intersyndicale, pointant le "temps perdu" qui les place dans une "course contre la montre" et les "empêche de dormir". "On repart de zéro", a-t-il dit, mais "depuis cinq ans, on n'a jamais perdu espoir et on le gardera jusqu'au bout", a-t-il ajouté.
Créée en 1975 par Vallourec et devenue Ascoval en 2017, l'aciérie de Saint-Saulve, qui emploie 281 salariés, attend un repreneur depuis la liquidation judiciaire en février 2018 du groupe Asco Industries, à qui le sidérurgiste Vallourec avait cédé 60% de l'usine, tout en conservant 40% des engagements de commandes.
Mi-décembre, le tribunal de Strasbourg avait mis fin à un interminable suspense en validant la reprise de l'usine par Altifort. Altifort avait alors promis de débloquer 35 millions d'euros pour l'opération, aux côtés de 47 millions d'euros de fonds publics engagés "sous forme de prêt".