D'ici 2020, 80% des ménages devraient être exonérés de la taxe d’habitation. Un taux, donc un manque à gagner qui varie selon les communes et qui inquiète les maires de la région.
Plus que quelques heures pour s'acquitter en ligne de sa taxe d'habitation. Mais d'ici 2020, 80 % des Français devraient ne plus avoir à effectuer la corvée. La réforme de la taxe d'habitation promise par le candidat Emmanuel Macron a été inscrite dans le projet de loi budget de 2018 qui doit être voté d'ici la fin de l'année. Dès l'an prochain, l'imposition pourrait donc être réduite d'un tiers pour les publics concernés.
Gain individuel, perte collective ?
Cette bonne nouvelle pour les contribuables est un objet de préoccupation pour les élus locaux. La taxe d’habitation est une source directe de revenus pour les collectivités, qui représente, d'après l’Observatoire français des conjonctures économiques, un tiers de leurs ressources. Le coût total de la réforme est estimé à 10 milliards d’euros.
Cette exonération s'établit selon des critères de ressources. La part de la population concernée varie donc en fonction les communes. Un document de la Commission des finances du Sénat révélé par le Parisien établit les évolutions à prévoir : pourcentage de foyers exonérés actuellement et dans trois ans, montant du dégrèvement total.. Vous pouvez consulter les résultats de votre commune en tapant son nom pour son code postal dans le moteur de recherche ci-dessous.
Des millions d'euros en jeu
En Picardie, de nombreuses villes s'inquiètent du projet. « C’est un manque à gagner énorme pour nous », déplorait en juillet dernier Benoît Mercuzot, second adjoint au maire de la ville d’Amiens (Somme), délégué aux Finances, à la maîtrise des comptes publics et à l’innovation. Dans la commune, la taxe d’habitation s'élevait en 2016 à 1200€ en moyenne par ménage. Selon le document du Parisien, 83% des foyers amiénois seraient exonérés en 2020, contre moins de 21% aujourd'hui.
Amiens est la ville de Picardie pour laquelle le dégrèvement serait le plus important. Il dépasserait les 20 millions d'euros. Mais les autres grandes villes ne sont pas en reste : Beauvais et Saint-Quentin atteindraient respectivement 86 et 88% de foyers exonérés pour un dégrèvement de plus de 9 et de 7 millions et demi d'euros. Compiègne est un peu moins touchée : 78 % des ménages de la ville seraient exemptés. C'est moins que la moyenne nationale.
Au-delà de 90% d'exonération
Les sommes en jeu sont moins importantes dans les communes de plus petite taille, proportionnalité oblige. Mais de nombreuses villes picardes verront l'immense majorité de leur population exonérée. C'est notamment le cas d'Esquennoy (Oise), avec 95% d'habitants concernés, Aubenton (Aisne) avec 94%, et Boisbergues (Aisne), dont 97% de la population ne paieront plus la taxe d'habitation.
Pour compenser le manque à gagner, le gouvernement promet de compenser cette somme dans le budget des communes « à l’euro près ». Les maires restent prudents, d'autant plus que les modalités de ces promesses n'ont pas encore été précisées.