Grosse déception pour Sébastien Chenu, qui n'a réuni que 24,37% des voix au premier tour des élections régionales en Hauts-de-France. Mais pas question pour la tête de liste RN de faiblir. Sa stratégie est inchangée : battre le pavé sur tout le territoire pour tenter de mobiliser son électorat.
En 2015, le Front national (rebaptisé Rassemblement national en 2018) avait réuni 40,64% des suffrages lors des régionales dans les Hauts-de-France. Une avance considérable sur la droite de Xavier Bertrand et la gauche de Pierre Saintignon, avec respectivement 24,97% et 18,12%. La liste était alors menée par Marine Le Pen. Six ans plus tard, changement de scénario : c'est Sébastien Chenu qui est tête de liste, le proche et l'homme de confiance de la présidente du parti.
L'objectif qui lui est fixé : battre Xavier Bertrand et prendre le conseil régional des Hauts-de-France. Cette fois, Marine Le Pen n'a pas souhaité relever le défi, tirant les leçons de son échec de 2015. Pas question de mélanger la campagne des régionales et celle de la présidentielle, au risque de brouiller ses électeurs.
24,37% : la claque du premier tour
La mission de Sébastien Chenu était-elle impossible ? Il remporte seulement 24,37% des suffrages exprimés au premier tour, contre 41,39% pour Xavier Bertrand. Les sondages les mettaient pourtant au coude à coude. Malgré cette douche froide, il ne lâche rien. A l'annonce des résultats, il s'adresse aux habitants de la région pour les appeler à se mobiliser : "Vous êtes trop nombreux dans les Hauts-de-France à subir le chômage, la précarité, l’insécurité, les difficultés crées par ceux qui nous gouvernent. Je vous demande, à vous qui faites confiance à Marine Le Pen, à Steeve Briois, et par-delà, aux élus du Rassemblement national partout dans la région, de vous mobiliser, de vous bouger."
Je vous demande de venir voter dimanche prochain
Un discours qu'il adresse "au peuple des Hauts-de-France, aux ruraux, aux jeunes, aux ouvriers, aux employés, aux commerçants, aux soignants. A vous qui êtes oublié, méprisé, je vous demande de venir voter dimanche prochain."
La soirée électorale à peine terminée, le voilà reparti en campagne. A Bethune ce lundi 21 juin, il est sur le terrain avec son équipe. Quand on lui demande pourquoi venir sur un marché, alors que les jeunes sont sur les réseaux sociaux, il s'exclame : "Il faut aller partout, là où les gens sont, les jeunes on peut les mobiliser à travers les réseaux sociaux. Il faut aller là où il y a de la vie" et ajoute que "dans une campagne où il y a eu tellement d'abstention, il ne faut pas regarder ou se limiter à quelques supports que ce soit, on doit être présent partout."
Être présent partout sur le territoire
Multiplier sa présence, c'est l'objectif pour cette campagne d'entre-deux tours après l'échec du premier. Sébastien Chenu veut encore y croire. "Tous les instituts le disent aujourd'hui, 3/4 des électeurs du Rassemblement national ne se sont pas déplacés, donc vous retrouvez ça dans nos résultats". Il en est d'ailleurs convaincu : "on sait que nos électeurs sont là, on sait qu'ils existent, on sait qu'ils sont toujours intéressés par ce que nous proposons, maintenant il faut qu'ils sortent de chez eux pour aller de se déplacer".
Ne jamais rien lâcher, car les Français comptent sur nous. J'étais aujourd'hui avec @LudovicPajot sur le marché de #Béthune à la rencontre d'habitants motivés et déterminés à aller voter dimanche ! C'est notre mobilisation qui créera la surprise. pic.twitter.com/DcpF4qRnDR
— Sébastien Chenu (@sebchenu) June 21, 2021
Une mission qu'il considère comme "un boulot". Pour faire en sorte que "cette mobilisation se fasse dimanche prochain", il compte être présent sur tous les fronts et provoquer "un déclic" après "une telle abstention dans le pays". "Il y a beaucoup d'électeurs qui se disent qu'on ne peut pas laisser faire". Rien ne semble perturber la détermination du candidat qui a débuté sa campagne électorale très tôt, le 14 février 2021, en sillonnant la région dans un bus affreté pour l'occasion.
Quelles sont encore les raisons d'espérer pour le RN ?
Si le premier tour des régionales est décevant pour le Rassemblement national dans les Hauts-de-France, il y a peut-être ici ou là quelques raisons d'espérer un succès au second tour. Pour cela, il faut regarder du côté des départementales. Adrien Nave, candidat RN avec son binôme Angélique Verbecke, est arrivé en tête du premier tour des départementales dans le canton de Dunkerque-1. Il a recueilli 35,03% des voix devant le binôme constitué par Grégory Bartholoméus et Christine Decodts (Union de la gauche) avec 25,19%.
C'est "une victoire, une satisfaction des résultats du premier tour puisque nous sommes en tête et que nous avons de grandes chances de gagner pour ce second tour", explique Adrien Nave. Et même si les résultats sont beaucoup plus faibles que 2015 à cause du fort tôt d'abstention, il est optimiste. "Nous sommes en capacité de rassembler largement autour de notre candidature. Nous savons que nous avons une réserve de voix à aller chercher, une réserve de voix importante par rapport aux dernières élections."
Du terrain, du terrain et toujours du terrain
Lors de la précédente élection, Adrien Nave avait perdu à 309 voix d'écart face à Roméo Ragazzo (PS). Il ne semble pas plus inquiet que cela. Selon lui, le contexte politique a complètement changé. "L'arrivée de Macron au pouvoir a explosé le jeu politique. Les électeurs ne font plus forcément référence à des partis politiques, à des grands partis, analyse-t-il. L'ancrage local est une donnée évidemment importante, nous n'avions pas forcément cet ancrage en 2015, aujourd'hui nous l'avons beaucoup plus."
Il veut croire en ses chances de victoire et applique la stratégie de Sébastien Chenu : "du terrain, du terrain et toujours du terrain" jusqu'à vendredi soir. De son côté, la tête de liste RN aux régionales aura une autre occasion de faire entendre sa voix. Sébastien Chenu participera au débat du second tour sur le plateau de France 3 Hauts-de-France, mercredi 23 juin à 17h45.