Rêveur et certainement très généreux. Gentiment râleur et brouillon. Un peu mégalo. Un peu réac. Le nordiste Andy Carlier fait partie de ces "petits candidats" qui tentent à chaque élection de s’immiscer dans le débat politique.
Le message n’est pas simple à suivre. Le programme pas très clair. Mais l’envie de bien faire et d’œuvrer pour un monde meilleur est louable. Aux élections régionales dans les Hauts-de-France, Andy Carlier est tête de liste de la liste Andy Carlier.
Il reprend le "ni gauche ni droite" d’Emmanuel Macron mais n’a pas succombé à La République En Marche. Il place l’humain d’abord mais a peur de Jean-Luc Mélanchon. Il se présente comme un "citoyen engagé pour le bien-être de l’humanité et de la planète" mais n’est pas écologiste. Comme Marine Le Pen, il dénonce une caste politique déconnectée qui fonctionne pour elle-même, sans pour autant adhérer au Rassemblement National. Il ne semble pas éloigné de Xavier Bertrand quand celui-ci défend l’économie locale, mais n’apprécie pas pour autant le président de région. Bref, personne ne trouve grâce aux yeux d’Andy Carlier. Lui rêve de faire de la politique "autrement". C’est vague mais courageux. Ambitieux mais naïf.
Première campagne en 2012
Curieux personnage. On l’avait quitté en 2012 lorsque, sans emploi, il avait cherché un travail du côté du palais de l’Elysée : il avait tenté de se présenter à l’élection présidentielle. Il s’était fait remarquer en faisant campagne dans un costume blanc. "Le blanc pour la pureté" avait-il alors expliqué - pas moins - sous-entendant ainsi que lui seul était parfaitement intègre et que tous les autres candidats s’étaient salis dans les affaires et les compromissions.
Un an auparavant, Andy Carlier avait créé un parti : le MJM. Le Mouvement des Jours Meilleurs. Il voulait être le candidat de ceux qui s’abstiennent ou votent blanc. Son programme était confus et incompréhensible. Ses rares interviews, mal préparées, étaient indigestes. Prétendre avoir un avis tranché sur tout est risqué. Sur le site de DailyNord, en janvier 2012, il avait par exemple expliqué doctement qu’il s’opposait à l’adoption pour les homosexuels, par crainte de voir les enfants ainsi adoptés devenir instables et se suicider...
Mauvais perdant, Andy Carlier avait renvoyé la faute sur les journalistes. "Si les médias ne m’avaient pas ignoré, disait-il, j’aurais pu rassembler trois millions de militants !" Et sans en apporter la preuve, il avait assuré avoir obtenu 450 des 500 parrainages d’élus indispensables pour pouvoir se présenter. Lui qui avait voté Bayrou en 2007 votera finalement François Hollande en 2012.
Annonce le 16 Novembre 2020, je serai Candidat à l'élection régionale des Hauts-de-France 2021... Andy CARLIER pic.twitter.com/h3lDwnrE5t
— carlier andy (@carlierandy1) December 10, 2020
Rebelote, donc, pour les élections régionales. Andy Carlier aime raconter l’élément déclencheur. "C’est quand ma fille de 12 ans, Maria, me demande pourquoi des gens dorment dehors, pourquoi des gens ont faim, pourquoi des gens sont méchants... Et qu’est-ce que je peux faire pour aider. Et c’est donc pour aider les gens que le 16 novembre, jour anniversaire de ma fille, j’annonce ma candidature à l’élection régionale." Andy Carlier assure, cette fois, qu’il est en mesure d’arriver à ses fins. Il a lancé un appel aux dons. Son mandataire financier a été enregistré en préfecture de Lille le 25 février. Il affirme qu’il a déjà quasiment bouclé sa liste de 180 noms : des ouvriers, des salariés, des cadres, des retraités, des demandeurs d’emploi.
Y’a qu’à, faut qu’on
Andy Carlier a 45 ans. Il est originaire de Petit-Fort-Philippe, sur le littoral dunkerquois. Il est l’aîné d’une famille nombreuse de sept enfants. Père ouvrier qui travaillait à la centrale nucléaire de Gravelines. Mère au foyer. Milieu modeste. Ouvrier lui-même, il reconnait avoir "professionnellement tout connu". Les petits boulots. L’intérim. Le chômage. Le RSA. Il ne cache pas qu’en 2012, à la suite d’une séparation douloureuse, il se retrouve sans rien. "J’étais SDF, à la rue, dit-il. J’ai connu Emmaüs, les foyers d’hébergement, les Restos du Cœur." Il habite aujourd’hui Hazebrouck et après avoir tenté une reconversion avec un CAP de charcutier-traiteur, il crée finalement une entreprise organisatrice d’évènements. "Un parcours agité" constate-t-il.
Ce parcours, on sent bien qu’il influence largement le programme d’Andy Carlier. Il a connu les fins de mois difficiles et milite donc pour une hausse des petits salaires. Il a connu les programmes de formation et propose de relever les indemnités et les frais des stagiaires. Il a connu la misère et ne supporte plus ce qui appelle "les privilèges". Il affirme que s’il est élu président de région le 20 juin au soir, sa toute première mesure sera de réduire son salaire de 4 000 euros. Allusion faite aux 4 000 euros d’indemnités mensuelles votés pour Xavier Bertrand en 2016 juste après son élection à la tête des Hauts-de-France. Et peu importe que ce vote émane du conseil d’agglomération de Saint-Quentin (que Xavier Bertrand préside) et n’a absolument rien à voir avec le conseil régional. Rien n’y fait. Andy Carlier "montrera l’exemple." Son côté donneur de leçons peut devenir agaçant.
Andy Carlier pense que tout peut se résoudre avec "du bons sens". Il aime les citations simples. "Ceux qui ne font rien n’arrivent à rien". "Rien n’est impossible". "Il n’y a pas de problème, que des solutions". "Je crois en l’humanité, je crois en un monde meilleur". "Chacun doit être responsable". Il cite Platon. Il a pour modèle le Général de Gaulle, Jean Jaurès et Léon Blum. Il a été deux fois brièvement carté, au Modem et au Parti Socialiste. Sa liste sera sans étiquette-divers-gauche. Andy Carlier rêve d’un débat télévisé face à Xavier Bertrand.
Son slogan : nous sommes tous essentiels. Lui est unique.