A Calais, le FN a enregistré plus de 49% des suffrages lors du 1er tour des élections régionales Nord Pas-de-Calais Picardie. France 2 a souhaité savoir pourquoi.
Calais, c'est la grande ville du Nord Pas-de-Calais Picardie où le vote FN est le plus haut (49,1%). Un score très élevé quand on sait que Marine Le Pen réalisait 22,56% en 2010 lors de ces mêmes élections, 12,5% aux élections municipales de 2014, 42,41% aux élections départementales de 2015. Dans sa ville, la maire Natacha Bouchart, tête de liste LR dans le Pas-de-Calais, réalise seulement 23,4%, soit moins que la moyenne de Xavier Bertrand dans la grande région.
Un score qui n'a pas vraiment surpris ceux qui connaissent bien Calais et son évolution ces dernières années. Confrontée à l'afflux de migrants depuis plusieurs années, une partie grandissante de la population de cette ville de 78 000 habitants est exaspérée.
"Il y a un ras-le-bol, de voir tous les migrants, la jungle, tous les problèmes le soir, les CRS, analyse un marin sur le port, au micro de France 2. Ça mine le moral des gens. Alors les gens se tournent vers le Front National même si au fond, ils ne sont pas Front National."
Des commerçants aussi sont amers : des touristes qui ne viennent plus, des restaurants qui se vident... "Moi j'ai vécu pendant un an et demi au coeur des migrants tout autour de chez moi, explique une cafetière calaisienne. Je suis au bord de la faillite. Même le gouvernement n'intervient pas; J'ai écrit à la maire de Calais, je n'ai aucune réponse."
"C'est à l'Etat, encore une fois, de prendre ses responsabilités"
Aux abords de la "jungle" aussi, on espère du changement après les élections régionales : "Moi, j'ai voté Front National pour la première fois, témoigne un riverain de la route de Gravelines. Il n'y a rien qui se fait, on est obligé de faire ça. (...) Ma maison a perdu 60 000 ~sur sa valeur. Alors qu'on a travaillé toute une vie pour avoir un petit coin tranquille, calme..."Marine Le Pen, lors d'une conférence de presse ce lundi, a répondu à des questions concernant la Jungle de Calais où s'entassent au moins 4 500 personnes dans un camp aux conditions très précaires et dont la région est propriétaire. La dirigeante d'extrême droite a estimé ne rien pouvoir faire. "Nous n'avons pas les forces de police à disposition, nous n'en avons pas la compétence et n'allons pas nous attribuer des compétences. C'est à l'Etat, encore une fois, de prendre ses responsabilités", a-t-elle affirmé. "Ce problème de Calais ne peut se régler qu'au niveau national, en fermant les frontières et en renvoyant les clandestins dans leur pays d'origine", a-t-elle poursuivi, en admettant que la situation "ne se règlera pas spontanément".