Retardée par la pluie, la moisson débute pour les agriculteurs des Hauts-de-France : "une année moyenne en rendements"

Avec l’arrivée des beaux jours, la moisson 2021 est enfin lancée dans les Hauts-de-France mais la météo fait craindre des rendements légèrement inférieurs aux années précédentes.

"Ça fait du bien !". Les agriculteurs des Hauts-de-France peuvent enfin se réjouir, car le retour du soleil a donné le coup d’envoi des moissons 2021. Cette semaine, selon les départements, certains ont pu commencer à sortir les moissonneuses batteuses dans les champs d'escourgeons et de lin. L’aboutissement de plusieurs mois de travail.

Gwenaëlle Desrumaux est agricultrice et éleveuse à Beaudéduit dans l’Oise. Cette année, c’est sa première moisson à son compte. La jeune femme a débuté les récoltes dimanche 18 juillet. "Là, on est en train de battre des orges d’hiver, on aura un petit peu de colza et de blé après", raconte-t-elle.

Dans le Pas-de-Calais, "les premiers essais ont eu lieu samedi, avec 15 jours de retard", rapporte Jean-Pierre Clipet, responsable de la FDSEA. Près de Saint-Augustin, Angélique Allouchery a même commencé à arracher ses 30 hectares de lin vendredi et devrait finir ce lundi.

Dans la Somme, la moisson a débuté quelques jours plus tôt, comme l’explique Marie-Françoise Lepers, éleveuse et polycultrice à Belloy-sur-Somme. "Il y a une dizaine de jours certains avaient déjà commencé, avec la pluie, ça s’est arrêté, puis ça a de nouveau repris jeudi 15 et vendredi 16 juillet".

Certains agriculteurs n'ont au contraire pas encore entamé leur moisson. Dans le Nord, "on en a fait un peu vers Cambrai et Valenciennes, mais ailleurs on espère seulement commencer cette semaine", témoigne Jean-Christophe Rufin, agriculteur à Maubeuge.

Un retard, ou plutôt un retour à la normale ?

Ces trois dernières années, les escourgeons commençaient à être moissonnés à la fin du mois de juin. En 2021, la récolte a donc été retardée de dix à vingt jours, en raison des pluies qui ont touché la région.

"On était plutôt en avance à la sortie de l'hiver, mais on a eu une semaine froide en avril qui a calmé la végétation, puis l'humidité de ces derniers temps qui a retardé le stade des cultures et particulièrement des céréales", explique Jean-Pierre Clipet.

"Il y a un retard par rapport aux deux dernières années qui étaient très précoces", explique Marie-Françoise Lepers. "Normalement, le 14 juillet, on est censé être dans les blés…", continue Gwenaëlle Desrumaux. Ainsi, toute la moisson est décalée.

Damien Brunelle, agriculteur et céréalier à Montbrehain dans l’Aisne, temporise : "On est revenu à des dates plus habituelles. Ce sont les mêmes dates qu’il y a trois ou quatre ans". Lui ne commencera à moissonner les escourgeons que cette semaine.

"Je pense qu'on aura quand même une semaine d'écart à la normale", estime pour sa part Jean-Pierre Clipet.

La crainte de faibles rendements et d’une météo peu clémente

Pour certains agriculteurs, la météo récente a causé des dégâts dans les cultures, rendant la moisson compliquée et mettant à mal les rendements.

"Jeudi dernier à Maubeuge, on a eu 50 litres d'eau au mètre carré, ma parcelle a une cuvette au milieu et elle est remplie d'eau..., raconte Jean-Christophe Rufin. On croise les doigts en se disant que le sec va bien finir par s'installer, mais du très mauvais temps est encore annoncé pour le weekend prochain donc il y a urgence à récolter l'orge cette semaine. "

Partout, ce sont des escourgeons, dits orges d’hiver, qui sont battus en ce moment. Une culture appréciée des éleveurs pour alimenter les bêtes, qui ne représente qu'environ 10% de la moisson : le gros des troupes de céréales seront pour début août... mais sont aussi sensibles à la météo actuelle.

"Il y a eu tellement de pluies que certaines céréales germent déjà alors qu’elles ne sont pas récoltées, constate Gwenaëlle Desrumaux. Il y a beaucoup de marchandises à terre, avec les pluies les esturgeons se couchent et c’est assez compliqué à récolter. On verra pour le blé, mais à mon avis ça ne sera pas une année folle en rendements", continue l’agricultrice isarienne. La jeune femme prévoit cette année 80 q/ha de rendements. L'année dernière, elle était à 110 q/ha.

Certains producteurs de lin, culture particulièrement sensible, ont été durement touchés. "Je ne suis pas la plus à plaindre même si j'en ai bavé, mais des voisins ont tout leur lin couché, témoigne Angélique Allouchery. Ca ne passe pas dans les machines donc c'est compliqué techniquement et c'est pourri dessous donc les rendements seront impactés."

Chacun s’accorde à dire que les fluctuations de météo sont problématiques. "On n’est qu’à moitié soulagés de pouvoir commencer, car en fin de semaine, ils annoncent encore de l’eau", s’inquiète Marie-Françoise Lepers. "Dans l’Aisne, il y encore quinze jours, on vous aurait dit que ça allait être super et là…", ajoute Damien Brunelle. En effet, dans ce département, les crues et les inondations ont causé de sérieux dégâts sur certains champs.

"Dans mon secteur, j’ai l’impression que ça va être pas mal, mais on a quand même peur de vivre ce que d’autres ont vécu", continue l’agriculteur. Mais le céréalier ne perd pas espoir : "Avoir trois semaines de beaux temps, ça serait le bonheur !"

Prudence aussi dans le Pas-de-Calais, moins touché jusqu'ici par les intempéries. "On peut être agréablement surpris mais je pense que ce ne sera pas une récolte homogène, il y aura du bon et du pas terrible", prévoit Angélique Allouchery. "Mon fils fait la réception dans une coopérative et les premières parcelles sont correctes, on est sur une moisson moyenne en rendements, rapporte Jean-Pierre Clipet. Mais tant que tout n'est pas rentré, on peut toujours avoir un orage."

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