Disparue depuis 25 ans, la consigne fait son retour dans les Hauts-de-France. De quoi reprendre de bonnes habitudes, sortir doucement d'une société du tout jetable. Et penser à la planète.

On rapporte ses bouteilles de jus de fruit ou de bière, et en contrepartie, on vous rembourse la caution de 15 ou 25 centimes versée lors de l'achat. C'est le principe de la consigne, qui se développe un peu partout dans les Hauts-de-France, alors qu'elle avait disparu en France il y a plus de 25 ans. 

Premier exemple dans une boulangerie de Croix, qui fait aussi épicerie de vrac. Cécile Trotreau, co-gérante de l'enseigne "Ceci n'est pas une boulangerie", sort des caisses de tous les recoins de son commerce : "On met les consignes un peu partout dans les petits coins. On en a pas mal derrière le comptoir, un peu à la cave aussi", s'amuse-t-elle. L’épicerie chez nous c’est une épicerie de vrac, démarche zéro déchets. Pour les liquides, c’était la consigne la meilleure solution et donc dès le début ça été pensé comme ça. Tout ce qu’on peut faire en consignant on le fait."
 

De l'organisation pour les commerçants et les clients 

La consigne est une démarche qui demande de l'organisation pour les commerçants, mais aussi pour les clients. Ici, on vient avec ses sacs et ses bocaux pour se servir en vrac, et on en profite pour ramener ses bouteilles vides… 

"C’est une habitude à prendre", témoigne Joëlle Agache, cliente du magasin. "C’est toujours plus simple de jeter c’est vrai, mais après ça s’accumule. C’est quand même mieux de ramener directement là où on a acheté. Pour la planète, c’est sûr que c’est mieux".

"Les gens ont plus ou moins de facilité à ramener les consignes", poursuit   Cécile Trotreau. "Ce n’est pas toujours facile. Certaines personnes nous disent "il faut que je vous ramène les consignes, j'ai encore oublié ce coup ci",  mais je pense qu’au bout d’un moment ils y arrivent et ils nous en ramènent. Peut-être une dizaine d’un coup mais ce n'est pas grave", conclut-elle.
 

Du kéfir en bouteilles consignées 


A Hallennes-lez-Haubourdin, c'est jour de vaisselle pour Florent Féraille. Ce quadragénaire produit du kefir, une boisson fermentée pétillante. 
Sa fabrication est artisanale. Ses bouteilles sont consignées, il les lave lui-même.

"C’est du travail mais en même temps, il y a des clients qui recherchent ce genre de pratique", explique le créateur du "Kéfir des Weppes". "Et finalement, même en estimant le coût d’un salarié qui nettoierait mes bouteilles, c’est quasiment la même chose qu’une bouteille neuve que j’achèterais".

C'est par conscience écologique qu'il s'est lancé dans la consigne. 

"Quand je me suis lancé dans cette activité, c’était vraiment pour donner du sens à ce que je faisais, pour produire quelque chose de mes mains, pour produire quelque chose de bon qui plaise aux clients", explique-t-il. "Il y a un impact pour la santé et forcément sur l’environnement. Ce sont des bouteilles qui sont prévues pour être réutilisées. Elles sont suffisamment solides pour résister aux chocs, donc elles peuvent être réemployées des dizaines de fois".

Le recyclage énergivore 


Quand une bouteille en verre est recyclée, elle est fondue dans un four à 1500 ° pour devenir un nouveau récipient. Une production énergivore et coûteuse.  Une bouteille utilisée une seule fois peut émettre 80 % de gaz à effet de serre en plus qu'une bouteille consignée.
 

La France en retard 


En matière de consignes, la France a énormément de retard sur la Belgique la Suisse ou l’Allemagne. Un Nordiste a eu l’idée de relancer cette consigne en fournissant un service clé en main en magasin : Jean Bouteille. Le principe : vous achetez votre bouteille deux euros, vous la remplissez, et quand vous n’en voudrez plus, on vous remboursera 2 euros.
 

Jean Bouteille, la petite boîte qui monte


L'entreprise est née à Lille il y 4 ans, et grandit de jour en jour.  Gérard Bellet, le fondateur, a tout misé sur le retour de la consigne et ça marche. 
Tous les mois, l'entreprise lave 2 000 bouteilles rapportées par les clients, mais l'objectif est d'en récupérer le moins possible.

Jean Bouteille

Laver sa Jean Bouteille à la maison en 8 étapes L'astuce : couper des bouts d'une éponge pour bien nettoyer l'intérieur de sa bouteille ! Et vous, quelle est votre astuce On souhaite...


"L’idée, c’est que ces bouteilles soient réutilisées le plus de fois possible Donc que ce soit le client qui la lave ou nous, ce n’est pas très grave. Mais c’est plus facile économiquement que le client la lave lui-même. C’est plus performant environnementalement et il y a moins de transport entre la laveuse, la bouteille et le magasin."

Jean Bouteille compte actuellement 400 points de vente en France dont une quarantaine dans les Hauts-de-France. L'entreprise emploie aujourd'hui 20 personnes.

Selon une étude, la consigne permet d'économiser jusqu'à 75 % d'énergie et 33 % d'eau par rapport au recyclage. Une bouteille en verre peut être réutilisée jusqu'à 50 fois. 
 

Et pourquoi pas consigner les bouteilles en plastique ?


En France, seules 56 % des bouteilles plastique sont recyclées. Le gouvernement réfléchit à la mise en place d’un système de consignes aussi pour elles. Des filières commencent à se mettre en place, comme des supermarchés Auchan qui ont installé des collecteurs et qui reversent un centime d’euro par bouteille rapportée.
 
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