D'ici une quinzaine de jours, il va falloir lever le pied sur les routes départementales.
80 km/h, à partir de quand ?
La mesure décidée par le gouvernement de réduire la vitesse maximale autorisée hors agglomération de 90 à 80 km/h sur les routes à 2 sens de circulation, s'appliquera à compter du 1er juillet 2018. Le décret d'application n'a pas toutefois encore été publié au Journal officiel.
Seules les rares 2x2 voies du Nord et du Pas-de-Calais (ex : la RD 649 entre Valenciennes et Maubeuge) ne sont pas concernées. La vitesse maximale y sera maintenue à 90km/h.
Les zones limitées à 70km/h hors agglomération le resteront.
Combien de panneaux à changer ?
380 panneaux sont à changer sur l’ensemble du Nord. "Pour la plupart, il s’agit de panneaux « 90 », liés à une fin de restriction de vitesse à 70 km/h, précise le département. Ceux-ci ne seront pas forcément remplacés par des panneaux « 80 » mais par des panneaux de fin de restriction à « 70 », ou de fin de restriction totale".
Dans le Pas-de-Calais, on compte 270 panneaux 90km/h, "mais 50 seulement seront changés car les autres sont soit « superflus », soit dédiés à des 2x2 voies dont la limitation à 90 ne change pas", explique le département.
En tout, dans le Nord et le Pas-de-Calais, 430 panneaux doivent être changés. Mais cela se fera petit à petit. Les gestionnaires des routes n’ont pas l’obligation de changer les panneaux dans la nuit du 30 juin au 1er juillet, il doivent simplement masquer les anciens panneaux.
Mais attention, même sans panneau, la nouvelle limitation s'implique car nul n'est censé ignorer la loi. Le 80 km/h devient la vitesse par défaut.
Quel coût ?
Entre «5 et 10 millions d’euros», pour toute la France, a répondu le délégué interministériel à la sécurité routière (DISR) Emmanuel Barbe. Le prix d'un panneau serait de 200 €/pièce. 430 x 200 = 86 000 € pour le Nord et le Pas-de-Calais. Un chiffre qui ne prend en compte aucune autre charge (main d'oeuvre...)
L’Etat s’est engagé à prendre en charge le coût de cette mesure par le biais d’un remboursement après travaux.
80 km/h : une mesure très critiquée
Depuis janvier, motards et automobilistes ont multiplié les manifestations et les pétitions contre une mesure "impopulaire, injuste et inefficace", résume ledélégué général de l'association 40 millions d'automobilistes, Pierre Chasseray. "C'est une réforme parisianiste, sans écoute des gens concernés, une posture politique", estime-t-il.
Outre une efficacité sur la mortalité routière qu'ils contestent, les opposants estiment qu'elle pénalise les territoires ruraux enclavés, où se trouvent l'essentiel
des routes concernées et où la voiture est un moyen de déplacement indispensable. La fronde a gagné les rangs de l'Assemblée et du Sénat, y compris ceux de la majorité, et divise jusqu'au gouvernement.
Si le Premier ministre Edouard Philippe reste ferme, "prêt à assumer" l'impopularité d'une disposition qui pourrait sauver selon lui jusqu'à 400 vies par an, certains ministres cachent à peine leur désaccord.
En avril, 76% des Français se déclaraient opposés à cette mesure. Dans un sondage la semaine dernière, le "80 km/h" apparaissait comme la mesure cristallisant le plus de mécontentement (49%) en un an de présidence Macron, derrière la hausse de la CSG (57%).
Préoccupés par la colère de leurs administrés, des sénateurs ont créé fin janvier un groupe de travail sur le sujet, qui remettra officiellement ses conclusions ce jeudi à Matignon. Plutôt qu'une mesure "uniforme", il prône une "réduction décentralisée et ciblée de la vitesse" sur des routes sélectionnées dans chaque département selon leur dangerosité.
Le gouvernement a annoncé qu'il évaluerait la mesure au 1er juillet 2020, quitte à la retirer si elle ne donnait pas les résultats escomptés. "On ne va pas attendre deux ans. Si elle est si efficace, elle produira un effet instantané, donc on va voir si on a 400 morts en moins l'an prochain", prévient Pierre Chasseray.