L'agriculture est un secteur qui pourrait recruter plus qu'actuellement mais qui n'y arrive pas, faute de volontaires. Il y a 20.000 emplois à pourvoir rien que dans les Hauts-de-France.
Le secteur de l'agriculture peine à recruter dans la région. "Nous avons un vrai problème pour trouver des personnes pour travailler avec les agriculteurs", constate Christian Durlin, président de la chambre d'agriculture Nord Pas-de-Calais. Selon lui, environ 20.000 emplois dans le secteur sont à pourvoir en ce moment. "30 à 40% sont des emplois pour lesquels il est difficile de recruter", précise-t-il.
Les contrats saisonniers, importants au printemps et en automne dans la région, ne sont pas les seuls concernés par le manque de main d'oeuvre. Les emplois moins précaires, avec un CDI à la clé, sont également touchés. "Il y a un manque notamment pour les métiers de la comptabilité agricole et du machinisme (les entreprises qui réparent les machines agricoles, ndlr)", expose Chirstian Durlin. Que ce soit en amont de la production, ou en aval, les professionnels regrettent une tension sur le recrutement. Elle n'est pas nouvelle, et sévirait depuis une petite dizaine d'années. "Un pas important a été franchi de 2020 à 2021", observe Christian Dulin.
Alexandre Deblock est agriculteur à Ledringhem (Nord). Il fait partie d'un groupement d'employeurs à Hazebrouck, qui s'attache à combler les besoins en personnel de 250 à 300 adhérants du milieu agricole. "On pourrait embaucher 30 à 40 personnes mais nous n'avons pas les propositions pour", regrette-t-il, frustré de connaître ces difficultés de recrutement alors que le nombre de chômeurs en France et dans la région est important.
"Les diplômes c'est bien, mais on apprend surtout sur le terrain"
"Historiquement, la profession agricole alimentait elle-même ses réseaux grâce aux enfants des agriculteurs. Mais ces jeunes regardent également ailleurs et le vivier se tarit", trace comme début d'explication Christian Dulin. Désormais, les métiers du secteur s'obligent à séduire. Et pour cela, ils doivent être plus valorisés dans l'imaginaire collectif. "Nos métiers sont mal connus et reconnus. Peut-être que c'est à nous également de mieux communiquer. Il faut montrer que l'on peut y faire des parcours professionnels intéressants", propose-t-il.
"Le travail que nous proposons est en fait très diversifié et les salaires sont intéressants", abonde Alexandre Deblock. Lui fait partie d'un groupement d'employeurs. C'est-à-dire que les personnes qui sont employées peuvent, en fonction des besoins des différentes exploitations, passer de l'une à l'autre. Ce qui limite la routine pour les salariés selon ce patron. Et, pour lui, cela permet de bien calibrer ses besoins. La formation de la main d'oeuvre se fait sur place : "les diplômes c'est bien mais on apprend surtout sur le terrain", répète-t-il. Chez un candidat, il recherche avant tout un état d'esprit. "Il doit se montrer assez souple. Si, parce qu'on n'a pas le choix, la récolte des pommes de terre se fait le samedi et le dimanche, il doit être prêt à travailler le week-end". Il affirme que les salaires sont toujours supérieurs au Smic (1.231 euros net par mois) et peuvent grimper en fonction des responsabilités. Pour les intéressés, les contrats peuvent commencer cet été : "pour tous les jeunes qui cherchent un emploi cet été, sachez que l'agriculture recrute", conclut le président de la chambre d'agriculture, Christian Dulin.