En réaction au "lundi vert", la campagne qui encourage les Français à boycotter la viande et le poisson. Le monde rural et les défenseurs de la viande réagissent et appel à leur tour à un "samedi rouge".
La semaine dernière, dans une tribune du Monde 500 personnalités, dont des universitaires d'Amiens ont appelé à un lundi vert. Une journée sans viande, ni poisson dans le cadre d'une campagne qui vise à encourager un changement de comportement alimentaire des Français. Mais face à cet appel, les éleveurs et les professionnels du monde agricole réagissent et lance le "samedi rouge".
Dans un communiqué Interbev, l’Association Nationale Interprofessionnelle du Bétail et des Viandes, souligne qu'aujourd'hui la consommation en viande rouge des Français est de 320 grammes par personne et par semaine, une quantité qui est bien loin des préconisations de santé publique qui sont de 500 grammes de viande rouge cuite par semaine hors volaille. «La viande contribue à structurer le repas car elle ne se mange pas seule : elle s’accompagne de légumes ou de féculents dont les apports en nutriments sont complémentaires». Ajoute Interbev dans son communiqué.
La réaction du monde paysan face au "lundi vert"
La Confédération Paysanne a dénoncé de son côté les "chiffres hasardeux" de cette tribune. Dans un communiqué, elle a vivement réagi au "lundi vert" : «c'est une preuve supplémentaire de l'insupportable stigmatisation vécue par les éleveurs et les éleveuses qui produisent chaque jour pour vivre de leur travail. Jamais cet appel ne pointe du doigt la responsabilité des industriels et des distributeurs qui, dans leur course aux prix bas, empêchent la généralisation des pratiques d'élevage les plus vertueuses. Jamais cet appel ne souligne les bienfaits de l'élevage paysan pour l'environnement, le respect des animaux et le dynamisme des territoires ».
Antoine Thibault, alias AgriSkippy sur YouTube, explique qu'à la base le "lundi vert" est une bonne idée pour l'environnement. Mais pour l'agriculteur, supprimer totalement l'alimentation carnée par une alimentation uniquement végétale qui vient de l'autre côté de la planète n'est pas forcément favorable à la planète. Il incite à manger local et de saison. l'éleveur normand. ajoute : « Il faut éluder le gaspillage alimentaire : l'initiative d'un "lundi sans gaspi" aurait était intéressant ».
La Confédération Française de la Boucherie, Boucherie-Charcuterie, Traiteurs indiquait ainsi jeudi matin dans un communiqué: «une fois de plus, c'est toute une partie de la population qu'on stigmatise: ceux qui produisent, découpent, vendent et mangent des produits carnés, dans un contexte où la cohésion nationale n'a nullement besoin d'être attaquée».
Rencontre avec les associations de protection animale
Lors d'une rencontre avec les associations de protection animale, le ministre de l'Agriculture Didier Guillaume a demandé à leurs représentants que cessent "les mises en cause systématiques" des éleveurs. Il a également indiqué «avoir pleinement conscience des attentes sociétales fortes pour une meilleure prise en compte de la sensibilité des animaux d'élevage», ajoutant que «cette attente des citoyens et consommateurs, les éleveurs français l'avaient désormais parfaitement intégrée et qu'à ce titre, de nombreux travaux de recherche et d'innovation étaient d'ores et déjà engagés par les filières pour faire encore évoluer certaines pratiques d'élevage».