Août 2019 a été particulièrement meurtrier sur les routes du Nord et du Pas-de-Calais, avec une augmentation de 133% des accidents mortels par rapport au même mois l'année précédente. Vitesse et alcool en sont les principales causes.
14 morts, contre 6 l'an dernier sur la même période. C'est le sombre bilan de la sécurité routière pour Août 2019 dans le Nord et le Pas-de-Calais. Soit une augmentation 133%.
5 personnes ont perdu la vie et 86 ont été blessées sur les routes du Pas-de-Calais le mois dernier (2 morts et 51 blessés en 2018). 9 ont été tuées dans le Nord, contre 4 en 201. La vitesse excessive est à l'orgine dans le quart des accidents dans le 59. L'alcool est particulièrement en cause dans les drames routiers du 62.
Sur les huits premiers mois de l’année 2019, "la vitesse excessive ou inadaptée" redevient la première cause d'accidents mortels dans le Nord, indique la préfecture, qui note "un relâchement des comportements avec de grands excès de vitesse".
"Flou" sur le 80km/h
Si la destruction des radars par les gilets jaunes est parfois avancée comme explication, pour l'association 40 millions d'automobilistes cette hausse est la preuve de l'inefficacité de la limitation à 80km/h de la vitesse sur les routes secondaires, en vigueur depuis juillet 2018, censée permettre d'épargner jusqu'à 400 vies par an.
La mesure, décriée par les gilets jaunes et les élus locaux, a permis d'épargner 206 vies durant sa première année d'application, selon des estimations de la Sécurité routière. "L'enseignement, c'est que le 80 km/h ne fonctionne pas et qu'on n'a toujours pas trouvé les bonnes mesures", affirme le délégué général de l'association Pierre
Chasseray, qui préconise "des campagnes de prévention autour du téléphone au volant, de l'alcoolémie et de la conduite sous stupéfiants".
Pour d'autres, c'est au contraire le feu vert donné avant l'été par le gouvernement pour un assouplissement de la mesure qui est responsable de la hausse. Pour apaiser la colère des anti-80 km/h, l'exécutif a concédé en mai aux présidents de conseils départementaux le pouvoir de relever la vitesse maximale autorisée sur certaines routes, dans la future loi d'orientation des mobilités (LOM) rediscutée à partir de mardi à l'Assemblée nationale.
"Ce débat sur la légitimité du 80km/h a laissé un flou s'installer si bien que la vitesse est devenue (pour les automobilistes) un facteur pas aussi important que l'alcool alors que c'est la première cause de mort sur la route", s'indigne Chantal Perrichon, présidente de la Ligue contre la violence routière.
Elle appelle à "arrête la gabegie financière autour des radars fixes", suggérant de "généraliser enfin" les radars embarqués dans des voitures banalisées, toujours en phase d'expérimentation dans plusieurs régions.
"Cette hausse dramatique se produit au moment où le gouvernement annonce le retour au 90 km/h dans les départements qui le voudront", abonde Me Jehanne Collard, avocate des victimes de la route. "Les automobilistes ont immédiatement perçu cette décision comme un recul du gouvernement", qui se "paie immédiatement en vies humaines".