La crise sanitaire a précipité dans un isolement encore plus difficile les personnes âgées dont la situation était la plus fragile : c’est ce que démontre le baromètre 2021 des Petits Frères des Pauvres.
Selon le baromètre des Petits Frères des Pauvres, les Hauts-de-France restent la région où l’exclusion numérique des personnes âgées est la plus importante dans le pays.
4% dans la région, 530 000 personnes dans la France entière soit l’équivalent de la ville de Lyon, le nombre de personnes âgées de plus de 60 ans en situation de mort sociale (ne rencontrent jamais ou quasiment jamais d’autres personnes des réseaux familial, amical, voisin, réseau associatif) a presque doublé en 4 ans. C’est l’un des enseignements de la deuxième édition du baromètre "Solitude et isolement quand on a plus de 60 ans en France en 2021" des Petits Frères des Pauvres.
"La crise que nous traversons, avec ses lots de confinement et de restrictions explique une partie de ces hausses", précise Meryl Le Breton, attachée de presse pour les Petits Frères des Pauvres, "tout particulièrement pour les tranches d’âge en dessous de 80 ans qui ont vu leur vie sociale très réduite. Mais elle n’en est pas la seule cause, et il est peu probable que ces chiffres baissent naturellement lorsque la situation sanitaire redeviendra normale. Cet isolement extrême touche des personnes qui étaient déjà fragilisées : en perte d’autonomie, avec un tissu social faible, exclu du numérique, avec de faibles revenus. La crise sanitaire a aussi fait basculer, de façon brutale et extrêmement rapide, des personnes âgées dans l’isolement, avec un fort impact sur la santé physique et mentale, et il sera très difficile pour ces personnes de retisser du lien social."
Pour la région Hauts-de-France, deux chiffres retiennent plus particulièrement l’attention du directeur régional de l’association humanitaire : le taux d’exclusion numérique des aînés dans les Hauts-de-France et le pourcentage d’aînés inquiets face à la solitude et l’isolement, des pourcentages records en France. "Ces chiffres corroborent ce qu’on savait déjà dans la région", souligne Fabrice Talandier, directeur régional de l’association les Petits Frères des Pauvres. "Le taux d’exclusion numérique des aînés dans les Hauts-de-France était déjà plus élevé que la Normandie il y a deux ans. La raison est simple : aujourd’hui, 64% des aînés que nous accompagnons vivent avec moins de 1000 € par mois. Au-delà de la difficulté à appréhender l’univers, il y a le coût numérique qui est un vrai facteur aggravant pour la région."
Les personnes interrogées dans la région sont aussi les plus inquiètes de leur situation d’isolement. La question du lien social, dans les Hauts-de-France est particulièrement importante. Ce chiffre est dix points plus élevé que la moyenne nationale.
En 2040, la région comptera 660 000 personnes âgées en plus dont 110 000 dépendantes."On a déjà des chiffres extrêmement prégnants dans la région", constate Alain Talandier, "et s’il n’y a pas une mobilisation collective, on risque d’aller vers quelque chose d’extrêmement dur dans 10 ou 15 ans : c’est maintenant qu’on doit se préparer." La question du lien social n’est plus traitée par les politiques depuis la loi de l’adaptation de la société au vieillissement qui date de 2013. Il n’y a pas eu depuis de loi, ni d’action d’ampleur dans ce domaine.
Une des solutions avancées par l’association est la mobilisation de tous les acteurs publics. À commencer par chaque citoyen. Depuis le 1er octobre sur leur site Internet, les Petits Frères des Pauvres proposent un kit "chasseur de solitude" à télécharger. Cet outil permettrait à chacun d’aider à lutter contre l’isolement d’un aîné isolé de son immeuble, de son quartier ou encore de son entourage. À l’intérieur du kit, une affichette à coller dans son immeuble ou chez des commerçants pour signaler que vous êtes disponible pour aider quelqu’un, une carte postale à glisser sous les portes ou dans les boîtes aux lettres et enfin des conseils pour entrer en contact simplement.