La Grande Guerre fait plus de 4 millions de blessés dans les rangs Français, dont 56 000 amputés à vie. Un bilan humain dramatique, qui pousse les médecins de l’époque à se surpasser. À Abbeville, une exposition sur les hôpitaux de guerre revient sur ces incroyables progrès médicaux.
Un reportage de Sophie Crimon, François Daireaux et Stéphane Picard. Avec Raphaëlle Boinet, commissaire de l'exposition ; le professeur Bernard Devauchelle, chirurgien maxillo-facial au CHU Amiens.
Si la première guerre mondiale a causé la mort de millions de soldats Français, beaucoup de survivants sont rentrés du front avec les stigmates de la guerre gravés dans leur chair.
Au sein des hôpitaux de temporaires installés dans les écoles ou les casernes, les médecins accueillent en masse les blessés, mutilés, défigurés.
Dans le secteur d’Abbeville, ils doivent faire face à un afflux massif de 10 000 blessés.
Au début du conflit, les chirurgiens se concentrent sur les blessures physiques, sans prendre garde aux confusions mentales et aux traumatismes des soldats :
« Cette première guerre mondiale est une guerre technologique : on utilise des armes qui font des dégâts terribles au corps mais aussi aux esprits » rappelle Raphaëlle Boinet, commissaire de l'exposition.
Ce n’est qu’un an après le début de la guerre qu’arrivent les premiers psychiatres sur le front.
Du côté de la chirurgie, les progrès sont également considérables compte tenu de la concentration de blessés.
« Les médecins font preuve d’inventivité pour restaurer là où il manque de l’os, de la peau, du muscle de la graisse avec des techniques de greffe qui sont encore utilisées aujourd’hui » précise le professeur Bernard Devauchelle, chirurgien maxillo-facial CHU Amiens et auteur de la première greffe de visage.
L’exposition installée à l’hôtel d’Emonville à Abbeville est visible jusqu’au 16 décembre.