À bord du MuMo, l'art contemporain va à la rencontre des habitants des Hauts-de-France

Depuis le 2 octobre, et jusqu'au 22 décembre, le musée mobile s'arrête dans les villages et les zones périurbaines des Hauts-de-France. À son bord, des œuvres issues des réserves des Frac. L'objectif : populariser l'art contemporain.

C'est un gros camion blanc et rouge. Un camion qui se déplie, s'allonge et s'ouvre. Un camion qui ressemble à ceux des cirques. Il ne transporte pas des artistes mais des œuvres d'art. C'est le MuMo, le musée mobile, créé il y a déjà une dizaine d'années. Depuis le 2 octobre, il s'installe dans les villages ou les zones périurbaines des Hauts-de-France pour amener l'art contemporain à un public souvent éloigné de la culture. Comme les bibliobus leur amènent les livres.

Et c'est à l'intérieur que tout se passe. Les portes s'ouvrent sur Ça carbure, l'exposition du moment en lien avec Chaleur humaine, la triennale de l'art et de l'industrie organisée par le Frac (Fond régional d'art contemporain) Grand large à Dunkerque.

Des œuvres sorties des réserves des Frac

Ce jour-là, ce sont les habitants de Crécy-en-Ponthieu dans la Somme qui découvrent gratuitement les dix-huit œuvres exposées et issues des réserves des différents Frac des Hauts-de-France. Certaines d'entre elles sont rangées bien à l'abri dans des petits placards. Organisation oblige. "C'est un musée qui est tout petit, donc on est obligés d'avoir des œuvres un peu cachées, explique Loli Janitchek, l'une des deux médiatrices culturelles du MuMo. C’est aussi parce que, vu que c’est un musée mobile, il y a des œuvres qui sont très fragiles donc on est obligé de les ranger pour les protéger. Par exemple, ici, on a une œuvre d’un artiste italien, Gaétano Pesce, qui est conservée dans une boîte. C’est sa petite boîte de réserve quand elle est au Frac de Dunkerque. Toutes les œuvres ne sont pas tout le temps exposées parce que les Frac font beaucoup de prêts. Leur mission, c’est de diffuser l’art contemporain. Donc certaines œuvres sont en réserve."

Avec des gants, Loli Janitchek sort précautionneusement l'œuvre de sa boîte et de sa protection de mousse pour la poser sur une table.

L'art contemporain dans toute sa diversité

"Et voilà, la chaise ! Les enfants sont toujours très étonnés de la voir parce qu’avec le livret de présentation, ils pensent qu’elle fait la taille d’une vraie chaise, mais en fait, elle est toute petite ! s'amuse-t-elle. Ça nous permet de leur parler de tout l’aspect que l’on ne voit pas dans les expositions muséales. Et dans un deuxième temps, ça nous permet de leur parler du processus de création. Quand un artiste va faire un immense tableau, il ne va pas commencer tout de suite à peindre. Il va d’abord réfléchir à ce qu’il a envie de faire. Puis, il va faire un croquis et ensuite peindre son œuvre. Là, c’est un peu le même principe qu’un croquis : c’est un prototype, un croquis, un format réduit de la chaise et de l’état final de l’œuvre pour que l’artiste puisse faire des expérimentations, teste des nouveaux matériaux. Et ça nous permet aussi de leur parler de design. L’exposition ici, elle est faite pour avoir un petit résumé de la création contemporaine qu’on peut trouver dans les Frac et ailleurs. Ici, il y a différentes médiums : on a de la photo, du dessin, de la sculpture, du design aussi. C’est plein de manières d’appréhender l’art." Cette chaise a beaucoup plu à Garance. La petite fille de sept ans est entrée un peu par hasard dans le MuMo avec sa maman. "On a vu un camion et on s'est dit 'tient ! qu'est-ce que c'est ?' Et c'est une belle surprise ! s'enthousiasme cette dernière. Je trouve ça génial d'avoir de l'art qui vient dans nos villages. Ça montre aux enfants une autre perspective sur le monde dans lequel on vit. (...) L'art contemporain, c'est l'art du moment. Donc les artistes avec leurs œuvres nous permettent de réfléchir à tout ce qui se passe en ce moment. Surtout cette exposition. En plus, elle est à portée de tous parce qu'il y a des gens qui sont là pour nous expliquer comment l'art fonctionne et ce que les artistes ont voulu dire dans leurs œuvres."

L'art contemporain, une découverte pour beaucoup

Le MuMo propose deux à trois expositions par an. Et reste deux à cinq jours dans un même village. Une expérience enrichissante tant pour les habitants que pour Audrey Jeamart, médiatrice culturelle. "Le fait que ce soit dans un camion, qu’on se déplace, qu’on aille à la rencontre des populations, c’est vraiment une expérience très différente par rapport à un musée fixe, explique-t-elle. Et surtout, on prend la mesure aussi de ce qu’on apporte. (...) Les enfants connaissent les musées. En revanche, ce qui va être nouveau pour eux, c’est l’art contemporain. Les enfants connaissent moins. Soit on leur offre leur première expérience de visite d’un musée et si ce n’est pas le cas, on leur permet de découvrir l’art contemporain, leur expliquer ce que c’est. Et on voit bien que l’art contemporain, ils découvrent ! Mais on peut aussi montrer ce que c’est qu’une exposition, montrer en quoi consiste la régie d’une exposition, parler du commissariat ou du choix des œuvres. Tout ce qui entoure l’expérience muséale. Et jusqu’à nous au niveau de la médiation et des outils de médiation. On va partir de l’œuvre et on va pouvoir parler de plein d’autres choses qui concernent l’art et les musées."

Le MuMo sillonnera les Hauts-de-France jusqu'au 22 décembre. Il sera :

• du lundi 6 novembre au mercredi 8 novembre à Sains-du-Nord (59);
• du jeudi 9 au vendredi 10 novembre à Solre-le-Château (59);
• du lundi 13 novembre au mercredi 15 novembre à Prisches (59);
• du jeudi 16 au vendredi 17 novembre à Avesnelles (59);
• du lundi 20 au mercredi 22 novembre à Boué (02);
• du jeudi 23 au vendredi 24 novembre à Étreux (02);
• du lundi 27 au mercredi 29 novembre à Bergues (59);
• du jeudi 30 au vendredi 1er décembre à Bollezeele (59);
• du lundi 4 au vendredi 8 décembre à Bray-sur-Somme (80);
• du lundi 16 au vendredi 20 décembre dans la communauté de communes Ponthieu-Marquenterre;
• du lundi 18 au vendredi 22 décembre 2023 à Doullens (80).

La moitié des étapes est prévue dans des villages de moins de 2 000 habitants ou au sein de quartiers Politique de la Ville. En douze semaines de voyages, le MuMo devrait accueillir plus de 6 000 visiteurs.

Avec Lucie Cailleret / FTV