Plusieurs milliers de sacs, sur lesquels apparait une règle pour repérer les violences intra-familiales, sont distribués dans une centaine de boulangeries de la Somme, depuis le 15 octobre. Le projet, mené par la préfecture, est salué par Julie Jérôme, aujourd'hui présidente de l'association Passer'elle.
"Respecte tes décisions et tes goûts", "se moque de toi en public", "menace de diffuser des photos intimes de toi… À partir de ces différentes situations, réparties sur une échelle allant du stade "profite, ta relation est saine" à "protège-toi, demande de l'aide", le violentomètre permet à chacun d’évaluer le degré de violences au sein de sa relation.
En tant qu’ancienne victime, je me dis que si j’étais allée en boulangerie et si j’avais vu ce violentomètre, je me serai tout de suite située
Julie Jérôme, ancienne victime
"En tant qu’ancienne victime, je me dis que si j’étais allée en boulangerie et si j’avais vu ce violentomètre, je me serai tout de suite située", assure Julie Jérôme, aujourd’hui présidente de l’association Passer’elle. "Cela permet aussi aux autres utilisateurs de se rendre compte qu’on connaît presque tous quelqu’un qui est dans le niveau orange."
Un dispositif salué
Dans la Somme, 100 000 sacs vont être distribués en boulangerie, 4 000 en pharmacies. Une action qui intervient alors que le ministère de l'Intérieur révèle que l'an dernier, les forces de l'ordre ont enregistré 244 000 victimes de violences conjugales, soit une hausse de 15% par rapport à 2021. Le Nord, le Pas-de-Calais et la Somme font partie des départements français ayant les taux les plus élevés de victimes enregistrées pour 1 000 habitantes âgées de 15 à 64 ans.
Alors ce dispositif, imaginé par la mairie de Paris en 2019, est-il utile ? Julie Jérôme, aux côtés de l’association Nous Toutes, a elle-même déjà réalisé une distribution similaire. "C'était en milieu rural, à Oisemont", se souvient-elle. "Nous n’avons pas eu de retours sur les violentomètres. Difficile de savoir si les gens jettent l’étui ou le gardent mais avec mon regard d’ancienne victime et de présidente, je suis persuadée à 90% que c’est un dispositif essentiel ! Il faudrait même que ça se développe davantage."
"Il faut faire en sorte d'en parler et ce baromètre peut interroger", estime quant à lui un boulanger d'Amiens, déplorant que l'outil ne soit pas proposé également sur des sacs à sandwichs ou viennoiseries.
Rendre le violentomètre accessible à tous
Autre exemple en mai 2022 : afin de prévenir les violences intrafamiliales, des sachets imprimés avec des numéros d'urgence avaient été distribués dans des pharmacies de l’Oise, à l'initiative de la gendarmerie et de l'Union Régionale des professionnels de Santé des Hauts-de-France.
Si Julie Jérôme salue l’initiative, elle estime toutefois "qu’il y avait trop d’informations sur le papier. Face aux numéros, on peut se dire "Je ne me sens pas concernée". Je trouve que le violentomètre est moins brutal à la lecture. Avec ses couleurs, il attire l’œil."
À Lille, le collectif Nous Toutes prévoit également une distribution générale de sacs à pains et à pharmacie sur lesquels des violentomètres ont été imprimés, le 18 novembre prochain, soit une semaine avant la journée internationale de lutte contre les violences sexistes et sexuelles faites aux femmes.
En cas de violences intrafamiliales dans la Somme, il est possible de joindre plusieurs numéros :
- CIDFF80 à Abbeville : 03.22.31.26.31
- AGENA à Amiens : 03.22.52.09.52
- CIDFF80 à Péronne : 06.73.70.77.31
- La maison des familles à Montdidier : 06.70.82.62.40