Pour sensibiliser aux violences intrafamiliales, dont 3000 faits ont été recensés dans la Somme en 2022, la Caisse d'allocations familiales du département invite deux fois par an un van devant ses locaux d'Amiens. Cet espace, qui écoute et oriente les personnes victimes, circule toute l'année dans le département.
À l’intérieur du bus jaune en face de la Caisse d'allocations familiales (CAF) de la Somme, à Amiens, se trouve "un espace complètement, confidentiel et anonyme", explique Line Rodien, éducatrice spécialisée à l'association amiénoise Agena. Un organisme qui aide les femmes en difficulté, seules ou accompagnées d’enfants.
Ce lieu mobile sillonne le département de la Somme, pour échanger sur un thème encore difficile. "C’est tabou, surtout par rapport au regard des gens. Généralement, quand une femme se fait battre ou qu’elle est victime de violences, ce n’est pas évident de l’affirmer", exprime un passant. "C’est difficile de parler de la situation conjugale et de la violence, surtout. L’association AGENA fait un excellent travail", ajoute une autre dame près du bus.
"L’important, c’est de pouvoir entendre la demande précise et d’orienter précisément"
Line Rodien - éducatrice spécialisée à l'association amiénoise Agena
L'association AGENA, c'est là où travaille Line Rodien, qui conduit ce van sur les routes du département pour, avant tout, rencontrer. "L’objectif, c’est de pouvoir être au plus près des habitants, notamment en milieu rural, dans les espaces où les personnes sont peut-être un peu isolées et éloignées des dispositifs spécialisés."
Elle raconte : "Il y a pas mal de personnes qui vivent ça, mais c’est normal [pour elles, Ndlr] Soit, elles l'ont toujours vécu, soit on leur a appris à se taire. L’important, c’est de pouvoir entendre la demande précise et d’orienter précisément. Il ne suffit pas de dire : 'Si ça ne va pas, allez voir une assistante sociale', parce que ça veut tout dire et rien dire."
Une enveloppe donnée aux associations par la CAF
En lien avec la CAF, AGENA tout comme deux autres associations du département ( le CIFF et la maison des familles de Montdidier), reçoit une enveloppe "qui va pouvoir répondre de façon réactive aux besoins immédiats d’une personne victime qui souhaite quitter le domicile", résume Fanny Heyse, intervenante sociale à la CAF.
Cette dernière donne des exemples. "Ça peut être une personne qui va vouloir quitter le domicile pour aller porter plainte et se rendre au commissariat, mais qui n’a pas de moyens de transport. On va pouvoir contacter le taxi qui enverra directement la facture à l’association. Ça peut être aussi des achats de première nécessitée, des nuitées d’hôtel."
L'organisme peut "exceptionnellement" verser la somme à la victime. "Forcément, on a des délais qui sont plus longs parce que ce sont des délais bancaires. C’est pour ça qu’on fait le lien directement quand on peut avec les associations", souligne Fanny Heyse.
75 familles ont bénéficié de ce dispositif
Une fois le bon interlocuteur trouvé, la CAF peut financer une aide au départ de 500€ ou plus s'il y a des enfants, mais ce n'est pas tout. "C’est là où arrive le 2e volet de la CAF avec le traitement en priorité des dossiers des personnes victimes. Cela va leur permettre d’avoir un accès au droit rapide et cette autonomie financière dont elles ont besoin pour redémarrer et repartir à zéro." Soixante-quinze familles ont déjà bénéficié de ce dispositif.
Le van "En voiture, Nina et Simon·e·s" revient lui devant la CAF de la Somme, en juin prochain. En attendant, il continue sa route dans tout le département.
Avec Claire-Marine Selles / FTV