La réserve ornithologique de Grand-Laviers, dans la Somme, se trouve sur les anciens bassins de décantation de la sucrerie d'Abbeville, fermée en 2008. Depuis, il accueille de nombreux oiseaux migrateurs.
La réserve ornithologique de Grand-Laviers (Somme) est lieu surprenant. Ce havre pour oiseaux migrateurs se trouve sur un ancien site industriel qui a complètement changé.
Le lieu s'étend sur 40 hectares et représente un bon exemple de reconquête écologique à l'ère du réchauffement climatique.
Un "paradis" pour les oiseaux
"L'histoire de ce site n'est pas banale, on se trouve sur les anciens bassins de décantation de la sucrerie d'Abbeville", lance Hubert Séré, administrateur de la réserve de Grand-Laviers. Lorsque celle-ci a fermé en 2008, "les bassins étaient tout doucement en train de devenir des friches industrielles". C'est la réhabilitation du lieu qui a permis d'attirer de nombreuses espèces d'oiseaux.
On a plus de 200 espèces d’oiseaux recensées. La quiétude sur le site nous permet d’observer des dizaines d’espèces d’oiseaux présentes actuellement.
Nicolas Dilly, technicien de la fédération des chasseurs de la Somme
Les équipes se servent d'ailleurs des vestiges industriels pour réguler le site. "Il y a un système de régulation qui nous permet d'accueillir différentes espèces en maîtrisant l'étiage. Tantôt il faut de l'eau, tantôt il en faut moins pour la nidification, c'est tout un système hydraulique".
D'ailleurs, ce système est hérité du réseau hydraulique de la sucrerie. "Ici, c'étaient les bassins qui permettaient de rincer les eaux de betteraves, et en plus, c'est très riche en limon, donc très nourrissant", ajoute Huber Séré.
Un site "remarquable" du point de vue ornithologique
Du point de vue ornithologique, ce site est "remarquable" puisqu'il accueille en son sein un nombre conséquent d'espèces "très intéressantes", souligne François Sueur, ornithologue. Musard des roseaux, buse variable, canards... "Aujourd'hui, on a 250 sarcelles d'hiver, c'est un chiffre qui peut être considéré comme très bien". En effet, il s'agit de la moitié de ce qu'il y a au parc du Marquenterre... sur un site cinq fois plus petit !
Ce paradis reste toutefois fragile. Les ornithologues à l’œuvre sur le littoral picard sont les témoins des changements liés au réchauffement climatique. "Il y a des espèces, qu'on voit maintenant en hivernage, qui n'étaient pas là quand j'ai commencé à faire de l'ornithologie en 1970. Par exemple, quand on voyait quelques canards souchets en hiver, c'était bien. Maintenant, on en a des centaines sur certains sites !"
Nicolas Dilly, technicien de la Fédération des chasseurs de la Somme, rappelle que "les oiseaux qu'on voit aujourd'hui ne sont pas forcément les mêmes qu'on verra demain". Certains vont reprendre leur trajet migratoire et repartir sur leur quartier d'hivernage. "Mais tout au long de l'hiver, on pourra observer toutes les espèces que sont les sarcelles d'hiver, les canards souchets, colverts, pilets..."
Où vivent-ils le reste de l'année ? Les oiseaux qui passent par la réserve de Grand-Laviers "descendent vraiment". Ils se reproduisent d'abord dans les pays nordiques (Russie, pays scandinaves), passent par la France en halte migratoire pour hiverner, avant de faire plusieurs milliers de kilomètres vers le sud et finir en Afrique subsaharienne.
Le site est ouvert au public du jeudi au dimanche pendant les vacances de Noël pour observer les différentes espèces d'oiseaux.
Avec Dominique Patinec / FTV