Hippodrome inondé, pâtures détrempées… Après la sécheresse hivernale, un printemps pluvieux dans la vallée de la Somme

Depuis mars, la pluie arrose abondamment la région d'Abbeville (Somme). Non sans conséquence. Au point qu'après un hiver particulièrement sec, certains en viennent désormais à espérer les beaux jours.

Ce mercredi 10 mai, Dominique Delannoy avait enfilé les bottes. "On a une mare d’eau sur la piste", déplore le président de la Société des courses au trot d’Abbeville. À chaque pas, le bruit spongieux de la terre détrempée. L’hippodrome devait accueillir une première réunion le 18 mai, mais voilà le terrain temporairement impraticable, gorgé par les dernières pluies.

"On ne peut pas courir", constate-t-il. Question de sécurité pour les chevaux : "Ils risquent de glisser et de brocher, c’est-à-dire enfoncer leurs pieds dans la terre. Pour les parkings, c’est pareil : les canards y barbotent. On ne peut pas absolument pas faire courir et entrer le public." L’événement est donc reporté au 11 juin, "dans l’espoir que ça sèche d’ici là."

Le président de la fédération m’a prévenu : si on ne peut pas faire courir le 11 juin, on fera courir ailleurs. Ça veut dire débourser de l’argent et ne pas rentrer un centime. Il faudra qu’on s’arrange avec un autre hippodrome pour qu’il prenne nos courses et à ce moment-là, on perd tout. On n’a pas besoin de ça.

Dominique Delannoy, président de la Société des courses au trot d’Abbeville

"Les pattes dans l'eau"

Un peu plus haut dans la vallée de la Somme, à Liercourt, Matthieu Longuet élève des vaches allaitantes. À cette époque de l’année, toutes devraient se trouver en pâture. Seules les plus jeunes et les plus légères ont aujourd’hui cette chance, même si, reconnaît l’éleveur, elles ont "un petit peu les pattes dans l’eau". "On peut les faire pâturer, mais il va y avoir beaucoup de refus, beaucoup de perte par piétinement, explique-t-il. Elles vont aussi faire pas mal de trous dans la prairie. Ça va pénaliser la repousse derrière."

À proximité de l’abreuvoir, l’herbe est déjà écrasée. Alors même qu’une "petite moitié" du troupeau se trouve toujours dans les bâtiments. "On finit les derniers stocks, souligne Matthieu Longuet. Quand on n'aura plus rien, on sera obligés de sortir tout le monde. Donc il ne faudrait pas trop que ça dure !"

La pluie toujours à l'horizon

Les espoirs des deux hommes risquent d’être douchés. Sur le secteur, la prévision "va vers les averses, parfois même orageuses, prévient Jean-Michel Meunier à Météo-France. Pas de grosses précipitations en vue… Mais un jour sec dans les 10 jours qui arrivent, pour le moment, on ne l’a pas." Une continuité sur ces derniers mois dans les Hauts-de-France : touchée, elle aussi, par une sécheresse hivernale jusqu’en février, la région a connu "un printemps bien arrosé" depuis mars.

Dans le secteur d’Abbeville, il est tombé 123 mm de précipitations ce mois-là, 80 mm le suivant. "On est au-dessus de la normale, mais sans être dans des records", expose le prévisionniste, qui ajoute que des températures assez fraîches ont aussi favorisé un maintien de l’humidité au sol. Ces pluies interviennent toutefois après la période de recharge des nappes phréatiques, de septembre à mars. En avril, elles se trouvaient à un niveau "modérément bas" en Picardie, selon le bulletin de suivi publié par le Bureau de recherches géologiques et minières (BRGM). 

Avec Laurent Pénichou / FTV

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