Une cellule de crise a été mise en place à l'hôpital d'Abbeville. Étant le plus proche de la côte picarde, l'établissement reçoit un afflux de patients en cette période de vacances avec les touristes, mais aussi avec le retour du Covid et de la chaleur, sans pour autant changer les effectifs.
Si les vacances estivales sont synonymes de détente, il n'en est rien pour le personnel soignant de l'hôpital d'Abbeville. L'établissement étant le plus proche du littoral picard, le service des urgences fait face à un quotidien surchargé depuis le début de l'été, jusqu'à 145 passages certains jours, soit 20% de plus que d'habitude.
"On reste sur les mêmes effectifs, confirme Loïc Amizet, médecin urgentiste. À nous d'être efficients dans l'organisation du service. Mais effectivement, c'est une surcharge supplémentaire chaque été. Et c'est un facteur de stress supplémentaire pour les équipes qu'on soit jeune ou expérimenté."
"Ça devient compliqué"
Cet été, le service fonctionne comme tous les jours de l'année, avec 5 médecins, 5 infirmières et 4 aides-soignants, pas plus. Quelques renforts au coup par coup. Résultat, jusqu'à trois heures d'attente certains jours, pour les patients.
"Là, ça devient compliqué, très compliqué, reconnaît Marine Leclercq, infirmière aux urgences. On sent que les esprits sont à vif et qu'on est au bord du relâchement. Pour l'instant, on tient. Jusqu'à quand, je ne sais pas."
Même tension dans le service de réanimation. Les six chambres sont remplies hors Covid. Le problème ici est le manque criant de médecins réanimateurs dû au déficit de médecins formés dans toute la France et au manque de postes. "On a des lits, on a des patients, mais on n'a pas de médecins pour s'en occuper." déplore Antoine Rivière, médecin-réanimateur. "Il faudrait qu'on soit à six ou sept réanimateurs pour que notre service puisse tourner en autonomie. Suite au départ en retraite de plusieurs de nos confrères, on est désormais deux médecins. C’est impossible de faire tourner le service à deux, même en faisant plein d’heures supplémentaires."
Système D
Une centaine d'heures de travail par semaine devient ici presque courant. Difficile d'apporter des solutions locales à un problème national. En attendant, c'est le système D. Tous les matins, la cellule de crise mise en place par la direction fait le point et ajuste les plannings. "Heureusement qu'il y a cette solidarité inter-établissement pendant ces périodes estivales", souffle Corinne Séneschal, directrice de l'hôpital d'Abbeville et de la baie de Somme. "Nous-même, on prête main-forte aux urgences du CHU, et à l’inverse, le CHU vient nous aider sur la permanence médicale en réanimation", précise-t-elle.
Seule perspective positive, celle des travaux qui s'achèvent à l'automne et avec elle, de meilleures conditions de travail au service des urgences et en réanimation qui devrait voir l'arrivée d'un médecin de plus.