Après six mois de fermeture du service des urgences de Senlis, transféré à Creil en décembre 2021, des personnels soignants et habitants du territoire ont manifesté pour réclamer sa réouverture.
La fermeture devait être provisoire. Le service des urgences de l'hôpital de Senlis a été transféré à Creil en décembre 2021, à cause du manque de personnel soignant, notamment des médecins urgentistes. Aucune date de réouverture n'avait été donnée.
Depuis, cinq mois ont passé et la situation s'enlise. Inquiets pour l'avenir, environ 150 habitants du territoire se sont rassemblées devant l'hôpital ce samedi 28 mai pour réclamer la réouverture de service des urgences ainsi que d'une ligne Smur.
L'inquiétude d'une fermeture définitive
La foule craint de voir cette fermeture provisoire se transformer en fermeture définitive. "Ça m'inquiète tellement que parfois je pense à déménager", confie une manifestante à nos journalistes présents sur place.
L'inquiétude est telle qu'un comité de défense de l'hôpital de Senlis créé à l'annonce de la fermeture en décembre dernier. "Il n'y a aucune raison que toute cette population, qui est rurale soit de plus en plus éloignée d'une offre de soins dont elle a besoin !, se désole Véronique Pruvost-Bitar, présidente du comité.Tout le monde va à droite, à gauche, dans des hôpitaux qui sont déjà saturés."
100 000 habitants concernés
Les urgences de Senlis accueillaient des patients de tout le sud-est de l'Oise, un bassin de vie de près de 100 000 habitants. Une patientèle qui se dirige aujourd'hui vers Creil, Compiègne, Clermont-de-l'Oise, voire même jusqu'en région parisienne à Meaux ou à Gonesse. "C'est bondé partout, qu'est-ce qu'on va devenir ?", s'interroge une manifestante.
De son côté, l'Agence régionale de Santé promet pourtant que le service rouvrira "dés que possible", mais laisse entendre que les Senlisiens passeront un été de plus sans service des urgences. En effet l'été dernier déjà, le service avait été fermé pour trois mois.
De nombreux services déjà disparus de Senlis
Pas de quoi rassurer les habitants, ni les élus locaux. Plusieurs d'entre eux étaient présents à la manifestation. La municipalité a fait part également de son désarroi face à la situation sur les réseaux sociaux. La maire de Senlis Pascale Loiseleur aurait même "écrit au Président de la République, et sollicité une réunion avec Brigitte Bourguignon, ministre de la Santé" pour les alerter.
Depuis la fusion des hôpitaux de Senlis et de Creil en 2011, les services de cardiologie, de chirurgie, de pédiatrie, de réanimation et de cancérologie ont déjà disparu du site de Senlis. Le sentiment de déséquilibre entre cet hôpital et celui de Creil grandit parmi les élus et les habitants du territoire. Lors du Ségur de la Santé, 35 millions d'euros ont été alloués pour la rénovation du site de Creil, contre un peu moins de 500 000 euros pour celui de Senlis.
Un enjeu électoral
Le sujet est si sensible qu'il est devenu un enjeu des élections législatives dans les deux circonscriptions concernées. Plusieurs candidats étaient d'ailleurs présents au rassemblement. "La situation est vraiment dramatique et la période pré-électorale nous permet d'informer au plus haut niveau, puisque les députés vont nous représentés à l'Assemblée nationale", explique Véronique Pruvost-Bitar.
Elle souligne par ailleurs que l'hôpital a fait l'objet par le passé d'importants investissements et qu'il y a à Senlis tous les équipements nécessaires à une bonne prise en charge. "Il y a une quinzaine d'années, on a dépensé 48 millions d'euros pour rénover l'hôpital de Senlis, on a un plateau technique de qualité, des blocs opératoires aux normes, un service de radiologie, et tout ça est à l'abandon alors que la population en a besoin", déplore-t-elle.