Chaque année en France, près de 3 000 nouveaux cas de cancer du col de l’utérus sont détectés. Dans les Hauts-de-France, le dépistage, qui permet de sauver des vies, n’est pas correctement suivi. Le service de santé de la baie de Somme, organise ainsi chaque année, des opérations de prévention.
Chaque année, à l’occasion de la semaine européenne de prévention du cancer du col de l’utérus, le service de santé de communauté d’agglomération de la baie de Somme organise, en partenariat avec l’hôpital d’Abbeville, des rencontres et des consultations gynécologiques gratuites pour mieux dépister la maladie.
Le papillomavirus humain : un virus malin mais "évitable"
Les Papillomavirus humains (HPV) font partie des infections sexuellement transmissibles les plus répandues. Environ 70 à 80% de la population sexuellement active sera en contact avec ces virus au cours de sa vie sexuelle. Il existe différents types de virus HPV. Certains types de virus sont à l’origine des condylomes, également appelés verrues génitales ou encore crêtes de coq. Ces verrues se développent généralement dans la zone ano-génitale (anus, périnée, pénis, vulve) et sont extrêmement contagieuses. Elles n’évoluent pas en cancer, mais peuvent être gênantes physiquement et psychologiquement.
D’autres types de HPV sont à l’origine de lésions précancéreuses et peuvent engendrer des cancers du col de l’utérus, de la vulve, de l’anus, du pénis et de la gorge. En France, 1 200 femmes décèdent des suites de cette maladie, chaque année.
Très peu de cancers bénéficient d’un dépistage aussi efficace
Isabelle DenoualGynécologue au service maternité du centre hospitalier d’Abbeville
Pourtant il est évitable. "Le cancer du col de l’utérus est l’un des rares cancers que l’on voit arriver de loin. Il existe des lésions précancéreuses sur le col que l’on détecte lors du dépistage. En traitant précocement, on arrive à éviter le cancer", explique le docteur Isabelle Denoual, gynécologue au service maternité du centre hospitalier d’Abbeville.
Atteint par le virus HPV, le corps parvient généralement à l'éliminer de manière naturelle, mais dans certains cas, ces infections peuvent persister et provoquer des lésions au niveau du col de l’utérus, susceptibles d’évoluer à terme vers un cancer. C’est à ce stade précoce que le dépistage intervient. "Le dépistage est important, car lors du frottis, on ne fait pas le diagnostic d’un cancer, mais il nous permet de détecter la lésion avant que ça ne tourne mal. Très peu de cancers bénéficient d’un dépistage aussi efficace", ajoute la gynécologue.
Des opérations de sensibilisation pour sauver
Depuis 2018, le frottis de dépistage est recommandé tous les trois ans pour les femmes de 25 à 30 ans, puis tous les cinq ans jusqu'à 65 ans. 17 millions de femmes sont concernées en France dont 1,57 million dans les Hauts de France. Mais d’après l’agence régionale de santé, le taux de dépistage dans les Hauts-de-France était seulement de 58 % entre 2018 et 2020.
Il est nécessaire de dédramatiser cet examen qui se fait avec un spéculum
Isabelle LejeuneDirectrice du service de santé de la communauté d’agglomération de la baie de Somme
Le service de santé de la communauté d’agglomération de la baie de Somme, organise, tous les ans, des opérations de sensibilisation au dépistage, en particulier, à destination des femmes en situation de précarité. "Nous avons organisé des cafés-discussions dans trois associations caritatives d’Abbeville, à la Banque alimentaire de Saint-Valéry-sur-Somme et de Cayeux et nous nous sommes déplacés dans les quartiers prioritaires pour faire la promotion de ce dépistage et proposer des consultations gynécologiques gratuites à l’hôpital d’Abbeville. Il est nécessaire de dédramatiser cet examen qui se fait avec un spéculum", explique Isabelle Lejeune, directrice du service de santé de la communauté d’agglomération de la baie de Somme.
Ces consultations gratuites ont pour but d'attirer les femmes qui n’ont jamais pris de rendez-vous chez le gynécologue. "Lors de cette semaine de prévention, on voit des femmes qui n’ont jamais bénéficié de consultation gynécologique. On en profite pour faire une consultation complète. C’est aussi l’occasion de leur faire reprendre pied dans le parcours médical", précise Isabelle Denoual.
D’après le médecin, cette promotion est indispensable à destination des plus précaires. "On observe que c’est dans les milieux les plus défavorisés que le dépistage est le moins fréquent. Et le tabac est un facteur de risque dans le développement du cancer du col de l’utérus. Lorsque la plupart des jeunes femmes parviennent naturellement à se débarrasser de ce virus, les fumeuses ont plus de mal car elles ont une modification de l’immunité locale qui entraîne une plus grande tolérance au Papillomavirus", pointe la gynécologue.
Cette campagne est aussi l’occasion de rappeler que des vaccins existent pour prévenir certains types de Papillomavirus. Ils sont recommandés pour les filles et les garçons de 11 à 14 ans. L’efficacité du vaccin est augmentée s’il est administré avant les premiers rapports sexuels.
Au niveau mondial, le cancer du col de l’utérus représente le deuxième cancer le plus fréquent chez la femme, d’après l’Institut Pasteur et le quatrième cancer le plus mortel. Dans la prévention de ce cancer, en particulier, le dépistage et la vaccination sont encouragés par les professionnels de la santé. "Si tout le monde était dépisté précocement, ce cancer n’existerait plus", rappelle le Docteur Isabelle Denoual.
Les consultations dans le secteur de la baie de Somme
À Abbeville, les consultations gynécologiques sont gratuites au centre hospitalier du 25 au 1er février, de 9h à 16h. Prise de rendez-vous au 03 22 25 57 17. Des temps d’échanges menés par une sage-femme de la PMI (Protection Maternelle Infantile du Conseil départemental de la Somme) sont proposés au service santé, 24 Place Pont des Prés, mardi 24 janvier à 9h30, 10h45, 14h et 15h15. Inscription au 03 22 29 31 49.
À Cayeux-sur-mer, la PMI organise des temps d’échange et des consultations gratuites de dépistage par une sage-femme. Le bus de la PMI sera stationné sur le parking de la mairie, rue Georges Bureau, jeudi 26 janvier, à partir de 14h.
À Saint-Valery-sur-Somme, des consultations gratuites de dépistage sont proposées par une sage-femme de la PMI. Le bus de la PMI sera stationné place Saint-Martin, jeudi 26 janvier, de 9h à 12h.