À contre-courant des manifestations contre la réforme des retraites, Laurent Pellegrin, employé dans un garage à Abbeville, a décidé de continuer à travailler. Aujourd'hui âgé de 64 ans, personne ne peut le remplacer, il reste donc à son poste le temps que quelqu'un d'autre soit formé.
Son bleu de travail, Laurent Pellegrin ne le quitte presque jamais. Cela fait désormais 47 ans que cet ouvrier répare et entretient des alternateurs et autres pièces de moteur.
Pourtant, en 2018, le mécanicien décide de prendre sa retraite à 60 ans. "Je suis parti le devoir accompli, j'ai fait mon job", raconte-t-il. Mais l’entreprise Legrand spécialisée dans l’électricité automobile à Abbeville, dans la Somme, ne parvient pas à lui trouver de successeur. Le savoir-faire de Laurent Pellegrin est assez rare. "On s'est retrouvé un peu perdu, confie Carole Legrand, responsable du garage. Thomas (l'autre mécanicien du garage, ndlr) sait le faire, mais cela faisait beaucoup de travail pour une seule personne et les gens qui se sont présentés n'avaient pas de formation, donc on a fait une proposition à Laurent de revenir travailler quelques jours par semaine."
Du donnant-donnant
À 61 ans, après une année de retraite, l'électro-technicien accepte d'aider ses collègues. "C'était un plaisir de retrouver l'atelier, l'ambiance, l'odeur, la graisse et l'huile, cela fait partie du métier, on est baigné dedans, sourit-il. C'est ma deuxième maison, j'ai passé toute ma vie ici, donc j'étais content de pouvoir rendre service."
Une solution profitable pour l'entreprise et qui lui convenait parfaitement. "Eux, ça leur faisait plaisir, et moi, ma femme n'était pas là (elle travaille toujours, ndlr), donc je tournais un peu en rond à la maison. L'été, ce n'était pas grave parce qu'on va marcher, on va faire du vélo... Mais l'hiver, c'est un peu long quand même. Et puis il y a le plus que cela peut ramener en argent, ce n'est pas négligeable."
Trouver quelqu'un pour le remplacer
D’ici trois ans, Laurent espère prendre sa retraite définitivement. Mais avant d’embaucher, il faudra d’abord former les futurs ouvriers. "On ne forme plus des électriciens automobiles, c'est quelque chose qui s'apprend sur le tas. Ce n'est pas évident de trouver du personnel ciblé. Si on ne forme personne, cette partie-là sera arrêtée, mais c'est dommage. Tous les garages recherchent de la main d’œuvre, mais n’arrivent pas à trouver", déplore-t-il.
En France, le secteur de l’automobile peine à recruter de la main d’œuvre qualifié. Il reste désormais trois ans à l'entreprise Legrand pour trouver et former un futur garagiste.
Avec Rachel Desmis et Mathilde Baron / FTV.