Suite à deux missions en Afghanistan, François Pellegrin a été victime de stress post-traumatique. Ce Samarien s'envolera pour une expédition en Mongolie, en 2023. Le projet, porté par un ancien militaire, permettra d'évoquer l'état de stress post-traumatique et ses conséquences, dans un film.
"Quand je suis rentré à Paris, je ne pouvais pas prendre le train. Je me sentais trop oppressé. Un rien m’angoissait et même un bruit anodin me rappelait une situation de danger." François Pellegrin, 49 ans, décrit les troubles de stress post-traumatique qu'il a vécus après son départ de l’armée en 2009.
Ce Picard a passé 10 ans au sein des parachutistes, 7 ans chez les chasseurs alpins et effectué 16 opérations extérieures, notamment en Afghanistan, deux fois durant six mois.
À l’époque, le syndrome de stress post-traumatique n’était pas encore reconnu au niveau de l’institution. C’était compliqué d’en parler car lorsqu’un camarade décédait ou revenait avec un membre en moins, on se voyait mal dire qu’on souffrait psychologiquement. C’était tabou.
François PellegrinAncien militaire picard
"J’ai mis dix ans à me remettre et me projeter au niveau civil", conclue-t-il, ajoutant que ses proches, épouse et enfants, lui ont été d'une aide précieuse.
Un voyage en Mongolie pour se reconstruire
Pour terminer sa reconstruction, le militaire a accepté de participer à un voyage de deux mois, en Mongolie, prévu en 2023. À ses côtés : deux autres militaires, eux aussi blessés psychologiques. "Je le prends un peu comme une mission, pour ma reconstruction finale. C’est un voyage non pas pour oublier, mais pour prendre un nouveau départ", estime François Pellegrin.
Aziz Taouzari, 45 ans, est à l'origine du projet. Il a quitté l'armée sur blessures physiques et après 18 ans dans ses rangs, notamment au sein des forces spéciales. "En 2018, je suis parti à l'aventure, de la Russie au Népal, sac sur le dos. J'ai adoré mon passage en steppe mongole, avec des grands espaces où il n'y avait rien et j'y ai fait des rencontres authentiques."
"Je suis persuadé que parfois, pour aller mieux, il faut se perdre. Dans un environnement inconnu, on n'a pas d'autres choix que de se faire confiance. Ça m'a fait un bien fou et je me suis dit : pourquoi ne pas aider les personnes atteintes de stress post-traumatique ?"
Un film pour sensibiliser et informer
Particularité de ce projet "Chamans : les chemins de la reconstruction" : il sera filmé. Une association, nommée Azventurier, a été créée pour permettre la recherche de financement. Budget total estimé : environ 105 000 euros.
Pour François Pellegrin, en plus de donner la parole à ses proches, ce film permettra de faire passer un message : "Je veux montrer à mes camarades que seul, on ne peut pas se soigner. Il faut se faire aider, accepter une main tendue. Et surtout, leur dire qu’il est possible de se reconstruire !"
Après son passage dans l'émission Le Meilleur pâtissier de M6 en 2020 et un stage à l’Élysée, prochain objectif pour ce Picard : ouvrir une boulangerie à Abbeville et devenir, un jour, meilleur ouvrier de France.