Cinq syndicalistes de la CFDT ont été relaxés, jeudi 6 juillet, par le tribunal correctionnel d'Amiens. Ils étaient poursuivis pour avoir tagué le sol lors d'une manifestation contre la réforme des retraites à Albert.
C'est un immense soulagement pour ces syndicalistes arrivés fébriles et angoissés à leur audience. Poursuivis pour dégradations légères de bien publics, le tribunal a tranché : cette accusation n'est pas constituée, les prévenus n'ayant pas dégradé de manière volontaire.
"On n'avait pas à être au tribunal correctionnel pour ce genre de chose, surtout quand on voit ce qu'il se passe en ce moment, nous n'avons jamais rien dégradé et on ne dégradera jamais rien, affirme Estelle Hannecart, déléguée syndicale CFDT Airbus Atlantic à Méaulte. Quand nous étions sur des ronds-points, nous avons brûlé des pneus, alors certes ce n'est pas très écolo, mais nous l'avons fait sur la pelouse pour pas abîmer le macadam et ne pas faire payer aux contribuables, nous sommes des manifestants intelligents."
Une plainte jugée disproportionnée
Le 7 mars dernier, lors d'une manifestation contre la réforme des retraites, ces syndicalistes avaient tagué à la peinture, sur le sol, le slogan #64ansStop. La mairie d'Albert avait alors décidé de porter plainte.
Une plainte très mal accueillie puisque les tags qui ont été faits avaient une caractéristique : "Ils n’accusent personne, ils n’insultent personne, c’est un slogan de la CFDT au niveau national, qui est fait sur le sol, on n’a pas dégradé les murs, et aujourd’hui il n’existe pratiquement plus aucune trace", nous confiait en avril dernier Sébastien Clin, secrétaire CFDT d'Albert.
La mairie qui réclamait 5 00 euros d'amende par mis en examen a été déboutée. "Les mêmes faits, qui sont considérés comme normaux dans des cadres culturels et de loisirs, ne ramènent pas des militants devant un tribunal, il y a une disproportion logique, claire, qui s'illustre par des éléments du quotidien, indique Me Florent Hennequin, avocat des syndicalistes CFDT Airbus Atlantic, il y a une tentative d'atteinte à la liberté d'expression et au moins le tribunal a rappelé que c'est un tribunal de la République qui n'a pas vocation à se transformer en tribunal politique."
Le maire d'Albert n'a pas souhaité s'exprimer. Lui et le parquet disposent de dix jours pour faire appel.
Avec Gaëlle Fauquembergue / FTV