Réforme des retraites. Cinq manifestants convoqués devant le tribunal administratif pour un tag au sol : "c'est carrément disproportionné"

Mercredi 5 avril, cinq manifestants ont été auditionnés par les gendarmes d'Albert (Somme). Ils sont accusés par la mairie d'avoir tagué des biens communaux, et plus précisément le sol du parvis de la mairie. Ils sont convoqués au tribunal administratif le 4 mai prochain.

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Cinq syndicalistes ont été auditionnés à la gendarmerie d'Albert pour dégradation de biens publics suite à une plainte de la mairie. Certains d'entre eux ont tagué #64ansStop sur le sol pendant la manifestation contre la réforme des retraites le 7 mars dernier. 

Ils se disent prêts à assumer leur geste, mais ils n'en restent pas moins incrédules face à la situation. "On a été auditionnés dans le cadre de la plainte de la mairie d’Albert, explique Alexandre Boury de la CFDT Métallurgie. On s’est expliqués sur le déroulé de la journée, on a reconnu qu’on avait fait effectivement ces fameux tags #64ansStop."

"Aujourd’hui, il n’existe plus pratiquement aucune trace"

Cette plainte est "très mal accueillie" puisque les tags qui ont été faits ont une caractéristique : "Ils n’accusent personne, ils n’insultent personne, c’est un slogan de la CFDT au niveau national, qui est fait sur le sol, on n’a pas dégradé les murs, et aujourd’hui il n’existe plus pratiquement aucune trace", rappelle Sébastien Clin, secrétaire CFDT d'Albert.

En somme, cette plainte est "carrément disproportionnée" et le but de la manifestation devant la gendarmerie, mercredi 5 avril, était de demander "à Monsieur le Maire de retirer sa plainte". 

C’est ridicule. Pour des dégradations, j’aurais pu passer devant le tribunal 10 000 fois. À chaque fois qu’à Amiens, vous voyez quelque chose qui est brûlé, j’ai participé à tout ça. C’est disproportionné.

Jean-Michel Zucchi, UTI-CFDT de la Somme

Les cinq syndicalistes sont convoqués au tribunal d'Amiens le 4 mai prochain. "Pour le coup, c'est un petit peu plus compliqué parce qu'on est obligé d'être accompagné d'un avocat, poursuit Alexandre Boury. Donc on prendra notre avocat pour nos camarades CFDT et on assumera le fait qu'on ait fait ces hashtags sur le sol. Comme on l'a dit à la gendarmerie, ce qu'on trouve dommage, c'est le temps perdu pour une petite histoire comme ça". 

Car une chose est sûre : "les collègues ici présents assument complètement leur acte", assure Sébastien Clin. Il note d'ailleurs que tout le monde est "responsable puisque le jour où ils l'ont fait, personne ne les a empêchés". Même la gendarmerie, présente lors du premier tag, "n'est pas intervenue". 

"On attend que le maire prenne conscience qu’il est allé trop loin"

Les syndicalistes attendent que le maire Claude Cliquet "prenne conscience qu'il est allé trop loin pour le tag". Sébastien Clin avance qu'il aurait simplement pu faire un courrier de rappel à l'ordre en leur disant d'éviter de le faire à cause de l'argent que la mairie risque de dépenser dans le nettoyage. "On est des grands garçons, on aurait assumé, on aurait pris nos responsabilités". 

Du côté de la mairie, le son de cloche est différent. Eric Dheilly, premier adjoint au maire, informe qu'ils sont "obligés d'être attentifs aux incivilités et en l'occurrence, des bâtiments communaux ont été tagués". La mairie porte systématiquement plainte contre X. L'objectif est de "se faire respecter" car à une époque où "les incivilités montent en puissance, si nous ne portons pas plainte à chaque méfait, cela restera très incitatif à reconduction de ces méfaits-là". 

Les syndicats ont leur utilité. Ce sont aussi des partenaires pour avancer, avec qui on aime travailler. On n'a absolument rien contre la CFDT, comme d’autres syndicats.

Eric Dheilly, premier adjoint au maire Claude Cliquet

Si les syndicalistes manifestants disent ne pas se sentir "bienvenus" à Albert, l'adjoint au maire se veut rassurant. Pour lui, ils peuvent manifester autant de fois qu'ils le souhaitent "mais en respectant les règles et les bien communaux". 

Les sommes pour les dommages et intérêts peuvent paraître "mineures, minimes" puisqu'elles sont dans les environs de 600 euros "mais ce que nous souhaitons avant tout, c'est que dans ce genre de manifestations, on ne dégrade pas les biens publics, c'est tout". 

Eric Dheilly note toutefois qu'ils ne sont pas "forcément des jusqu'au boutistes". Mais s'ils déposent plainte, "ce n'est pas pour l'enlever dans le quart d'heure qui suit". Lui et la mairie laissent la procédure suivre son cours et "après, ce sera peut-être le jeu des assurances pour être indemnisés de ce méfait et d'éviter que ça se reproduise". 

Le rendez-vous au tribunal est donc fixé au jeudi 4 mai prochain. "On continuera de soutenir nos militants" et le jour de l'audience, "on sera là-bas au tribunal et on bloquera tout le quartier du tribunal", conclut Jean-Michel Zucchi. 

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