Installé depuis 2017 à Boves (Somme), Amazon organisait ce 29 septembre une table ronde avec les élus locaux. Le géant américain se félicite d'avoir surpassé son engagement de 500 créations d'emplois en CDI. L'objectif est cependant nuancé par son manque de dialogue social, relèvent les syndicats.
A 47 ans, Philippe Lefebvre est "satisfait de son sort". Ce technicien de maintenance est en contrat à durée indéterminée (CDI) depuis son premier jour chez Amazon en 2017. À l'époque en chômage partiel dans une entreprise d'hydraulique à Albert, son profil ne correspondait pas à ce que cherchaient les recruteurs.
"Soit on me faisait savoir que j'étais trop vieux, soit je n'avais pas telle ou telle compétence, ou trop peu d'experience, se souvient-il au volant de son chariot-élévateur. Chez Amazon, on m'a posé un barème des compétences requises, on m'a pris en essai quelques mois. Puis le CDI était signé, c'était le principal"
Objectif rempli
Philippe illustre bien la triple promesse formulée par le géant américain du commerce en ligne avant l'ouverture du site. La direction se devait de ne pas embaucher que des jeunes et des diplômés, garantissait de rémunérer au-delà du Smic et surtout de créer 500 CDI à temps complet sur trois ans. Selon le directeur, cet objectif est surpassé.Aujourd'hui, on est à peu près 1100 personnes, avec 626 CDI et le reste en emplois intérimaires. L'objectif étant de progressivement atteindre un pic de 1500 personnes sur le site pour la période de Noël et de continuer d'embaucher dans la région d'Amiens.
Fier de ces objectifs remplis, le président de la branche logistique d'Amazon France a organisé ce 29 septembre une table ronde pour faire le bilan de l'implantation du géant de la logistique dans la Somme. Dans le public, des élus amiénois comblés.
"Nous avons subi des chocs sociaux importants et des gens ont besoin de ce genre d'emploi car ils n'avaient pas beaucoup de formation au départ. La formation, ici, se fait en interne et de manière satisfaisante comme l'ensemble de l'activité ici," estime Alain Gest, président d'Amiens métropole.
"Ce qui m'intéresse, c'est l'emploi. Amazon s'était engagé sur 500 emploi, ils sont à 626 CDI, auquel il faut ajouter les emplois indirects. Je pense à DS Smith packaging ou les fournisseurs de café - comme les cafés sont offerts ici aux salariés - aux restaurants et commerces autour du site. Autant de gens qui ne verraient pas d'un bon oeil le fait qu'Amazon ne soit pas là, confie Fanny Ruin, présidente de la chambre de commerce de la Somme. Maintenant, c'est à chacun de faire des choix dans sa consommation, d'acheter en priorité chez des commerçants locaux et passer chez Amazon lorsque l'on ne trouve pas ce dont on a besoin."
Faible culture du dialogue social
Tout le monde ne tient pas ce discours panégyrique, notamment chez les syndicats. Si la CGT reconnaît les promesses tenues sur l'emploi, le syndicat critique la faible culture de dialogue social du géant américain, prenant pour exemple la mise en place de 150 mesures barrières dans l'usine dont l'installation de plexiglas dans la salle de repos."On leur a dit que ce n'était pas une bonne idée, et qu'il fallait, selon nous, plutôt limiter le nombre de personnes qui pouvaient manger à la cantine. Limiter le nombre de personnes, c'est limiter le nombre de recrutements, et donc de commandes qu'on pouvait traiter, raconte Jérémy Morand, représentant syndical. Là, Amazon s'est imposé : les dirigeants ont quand même mis ce dispositif en place en dépit d'un avis défavorable des élus du comité social et économique (CSE)".
Amazon va poursuivre l'expansion du site d'Amiens : 200 embauches en CDI sont prévues dans les prochaines années. le 28 septembre, l'entreprise américaine a inauguré un nouvel entrepôt à Senlis, dans l'Oise.