Amiens accueille chaque année plus de 20 000 étudiants. Et certains propriétaires en profitent. Ils proposent des biens presque insalubres à des prix surélevés. Les étudiants en galère n'ont, eux, pas beaucoup de choix pour se loger à des prix modérés. Enquête.
C'est l'appartement le plus prisé de la rentrée : un studio propre, bien situé, en plein cœur du quartier étudiant. L'agent immobilier est confiant, il trouvera preneur dans les 2 semaines. Le tarif : 420 euros par mois, pile dans les prix du marché.
"Sur des petites surfaces, on est aux alentours de 20 euros du mètre carré", explique Pierre Mascles, agent immobilier.
Car à chaque rentrée, plus de 20.000 étudiants débarquent à Amiens. Dans ce grand rush pour se loger, il y a les perdants, et les grands gagnants. Certains n'hésitent pas à faire de la rentrée universitaire, une rentrée d'argent.
A peine plus grand qu'une cellule de prison
C'est l'effervescence dans les agences immobilières. Des offres en pagaille, jusqu'à ce 9,80 mètre carré, juste au-dessus de la limite légale.
Même folie en ligne. Souvenez-vous du prix de base : 20 euros du mètre carré. Sur Le Bon Coin, un studio va retenir notre attention. 12 mètres carrés, 450 euros soit deux fois le prix du marché.
Première surprise en appelant le propriétaire : il l'avoue sans détour. Plus la rentrée approche, plus il gonfle les prix :
"Les clients sont pressés, ils veulent le logement rapidement, ce sont les parents qui paient. 450 euros … ça passe. Début juillet/août je le loue 350, à partir de septembre je monte mon loyer de 100 euros et je vais trouver des locataires. C'est un peu dégueulasse de jouer sur la faiblesse des gens. C'est très facile de trouver des étudiants, je poste une annonce, en une semaine, j'en trouve."
Peu d'intervention de l'Etat
Nous avons fait écouter ce témoignage aux représentants d'étudiants, ils ne sont pas étonnés.
"Il n'y a aucun décret, il n'y a rien qui le bloque à ce niveau. Par la même logique, n'importe qui le ferait. Nous sommes contre ce genre de choses, mais nous nous attaquons pas aux propriétaires mais aux politiques publiques qui devraient mettre choses en place comme un observatoire des loyers pour pouvoir empêcher cette hausse de loyer."
Ils ont fait leurs calculs. Cette année, leur budget logement a bondi de plus de 5%
Et ce n'est pas tout, moins regardant sur le prix, les étudiants sont également moins regardants sur la qualité du bien.
Un logement sur dix indigne à Amiens
A deux pas de l'université, des rues entières à la découpe. Maisons, immeubles subdivisées en 6, 8 jusqu'à 10 petits appartements. Les loyers sont modérés, mais l'état de l'immeuble laisse clairement à désirer.
Et la sécurité des lieux pose question. Dans ces appartements, des étudiants essentiellement mais pas seulement : "Les fenêtres ont gonflé, et cela n'a jamais plus fermé. On met des loques, des linges."
A Amiens, 5 000 logements privés seraient ainsi jugés médiocres, ou indignes, soit plus d'un logement sur 10.