Amiens : ils distribuent des colis de nourriture aux personnes précaires pour un Ramadan solidaire malgré le confinement

Du 23 avril au 23 mai, les musulmans fêtent le Ramadan, le mois le plus sacré pour les croyants. Il fait partie des 5 piliers de l'Islam et prône le partage et la solidarité. À Amiens, deux frères distribuent des colis aux gens dans le besoin à cause du confinement.


Dans le restaurant de Youssef Ouardi à Amiens, ça s'agite depuis plusieurs semaines. Des cagettes de fruits, des packs de lait, des boîtes de gâteaux par dizaine. Et sur plusieurs tables mises côte à côte, des sacs en papier marron. À l'intérieur, des bananes, des pommes, des feuilles de brick, de l'huile, des pâtes.

Tous les vendredis, depuis le début du Ramadan, Youssef et son frère Sofiane préparent des colis pour que ceux qui sont dans le besoin aient de quoi dîner pour la rupture du jeûne. Ce vendredi, 130 colis seront distribués. 


Pour les musulmans comme les non-musulmans

En temps normal, c'est la mosquée qui accueille les croyants pauvres pour le dîner de rupture du jeûne. Mais avec le confinement, tous les lieux de culte sont fermés. "On est obligés de s'adapter, explique Youssef, un masque sur le nez et une casquette sur la tête. Alors on fait des paniers pour qu'ils aient quelque chose pour rompre le jeûne. Au lieu de partager un repas, on partage des colis. On essaie de garder l'esprit de partage du Ramadan. Musulmans, non-musulmans, tout le monde est le bienvenu. Il y a des gens qui sont dans la précarité, donc on s'est dit avec un ami qu'il fallait faire quelque chose. Ces colis sont destinés aux nécessiteux, aux familles, aux étudiants aussi, beaucoup sont dans la précarité."

C'est le cas d'Hicham. Polo rouge boutonné jusqu'en haut, cheveux en arrière, ce pizzaiolo vient chercher un sac de nourriture. Pas de travail depuis deux mois, si ce n'est quelques commandes en livraison restreintes dans son quartier. Ce père de trois enfants a du mal à s'en sortir : "c'est une catastrophe pour moi. Heureusement, il y a des gens comme ça qui aident et les associations. Sans ça, sincèrement, on est dans la merde. On essaie d'avoir un peu l'esprit à la fête du Ramadan mais c'est difficile."


"Chacun aide comme il peut"

L'idée de cette initiative est venue une semaine avant le début du Ramadan. Les frères Ouardi et un ami ont lancé une cagnotte pour récolter de l'argent pour acheter des denrées et ensuite les distribuer. Une initiative qui a tout de suite rencontré le soutien des Amiénois. "Du coup, on a démarché des commerçants : boulangers, primeurs, bouchers. Nous, on n'est qu'un maillon de la chaîne, raconte Sofiane Ouardi, éducateur sportif de métier. On met le local à disposition. Chacun participe à sa manière : celui qui peut participer physiquement mais pas financièrement, il est le bienvenu. Deux jeunes qu'on ne connaît pas viennent nous aider soit pour aller chercher les produits soit pour les livrer. Je trouve ça fabuleux."

Sur le trottoir du restaurant, Hervé boit le café que Sofiane lui a fait. Il a participé avec son frère à la cagnotte. Cet homme en fauteuil roulant se déplace régulièrement jusqu'au restaurant des frères Ouardi pour les soutenir dans leur démarche : "il y a tellement de gens qui sont dans la misère qu'il faut les aider. Et le mois du Ramadan, c'est l'entraide. Dans la vie, il faut toujours aider. J'ai eu la chance d'avoir un don d'organe. Donc je rends ce que j'ai reçu."
 

Partage et solidarité, les valeurs du Ramadan

Un discours dans lequel se retrouvent les frères Ouardi. Distribuer de la nourriture à ceux qui en ont besoin, c'est pour eux une façon de pratiquer les valeurs de solidarité et de partage qui caractérisent le Ramadan. Mais pas seulement : "pour moi, c'est ni plus ni moins que mettre en pratique ce que mes parents m'ont appris : partager. D'habitude, on donne une pièce à celui qui est dans la rue. Là, on arrive à organiser les choses à plus grande échelle et à donner à plus de monde, précise Sofiane . Le confinement, ça a mis pas mal de gens dans le besoin. C'est pour ça que ça ne s'adresse pas qu'aux musulmans. Le but, c'est de donner des colis à des personnes qui sont dans le besoin."

Une fois les colis prêts, Sofiane va livrer ceux que les bénéficiaires ne sont pas venus chercher directement au restaurant. Des trajets qu'il va faire jusqu'au 23 mai. C'est à cette date que prendra fin le Ramadan.
 
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