Amiens investit dans des bus au biogaz : "l'électrique n'est pas assez mûr pour être appliqué partout"

Dès lundi 18 décembre, 32 bus au biogaz seront progressivement mis en circulation à Amiens. Positionnés sur le réseau dit "de proximité" où roulent actuellement les bus au diesel, la métropole renouvelle ainsi son parc et promet "un bilan carbone zéro pour faire rouler ces bus".

Quatre ans après la mise en place de bus électriques qui avaient fait couler beaucoup d'encre, Amiens métropole change de stratégie. La promesse faite début 2022 se concrétise.

À partir du lundi 18 décembre, 32 bus qui roulent grâce au gaz naturel entreront dans le parc automobile d'Ametis, en lieu et place de bus diesel. Avec toujours un objectif écologique : la Métropole assure que ces bus sont alimentés au biogaz, donc neutres en carbone. 

Plus fiable que l'électrique

Ces 32 bus, fabriqués par Iveco, ont coûté plus de 13 millions d'euros. Ils s'ajoutent aux 122 millions d'euros qui avaient été investis dans le réseau de bus à haut niveau de service Némo. "Aujourd'hui, on devait faire un choix pragmatique face au vieillissement du parc", affirme Jean-Claude Renaux, vice-président d'Amiens Métropole en charge des transports.

"Avec ces bus, on cumule la fiabilité des bus thermiques, mais aussi le bilan carbone neutre de l'électrique. En plus, on aura une réduction de bruit de 50 % par rapport au thermique", ajoute l'élu divers gauche. Il assume : "l'électrique n'est pas assez mûr pour être appliqué partout. Même pour nos trois lignes, on essuie des plâtres."

D'après la Métropole, cette nouvelle flotte de bus s'inscrit dans la continuité des bus électriques sur le plan du carbone. Ces bus ne doivent pas polluer. Jean-Claude Renaux assure que "pour faire rouler ces bus, il n'y aura pas besoin de rajouter du CO2 puisque le gaz sera issu de fermentation de légumes". D'ici la fin 2024, une station de biogaz sera d'ailleurs installée directement dans le dépôt de l'Amétis. 

"Un changement de technologie sans cohérence"

Cette nouvelle acquisition ne fait pas l'unanimité. Pour Thomas Hutin, conseiller régional et ancien conseiller municipal d'opposition (EELV), "c'est un changement de technologie sans cohérence et donc un aveu d'échec". Il s'interroge sur l'origine du gaz utilisé pour ces bus. "Il faut savoir d'où vient ce biogaz et s'il est vraiment bio. S'il vient de déchets, c'est bien, mais s'il vient de déchets qui demandent des pesticides... Et puis, il faut qu'ils soient fiables, sinon on ne les utilise pas. Aujourd'hui, on est obligés de louer des bus au diesel de la RATP pour remplacer les bus électriques qui ne fonctionnent pas". 

Jean-Claude Renaux assume et rassure. Il justifie justement le choix du biogaz pour pallier le manque de fiabilité des bus électriques dont 30 % seraient hors d'usage chaque matin selon lui. "Les bus thermiques sont seulement 10 % à être inutilisables chaque matin et ça suffit largement", explique Jean-Claude Renaux.

Des bus moins coûteux

Il avance également l'argument économique. "Il faut renouveler un parc vieillissant qui compte 150 bus et on doit rentrer dans un budget serré. Un bus électrique de 12 mètres coûte 520 000 euros auquel il faut ajouter 100 000 euros pour changer la batterie à mi-parcours. Un bus au biogaz, c'est seulement 360 000 euros", détaille-t-il. 

Les bus au biogaz permettent aussi de contourner des contraintes techniques puisque les bus au biogaz ont vocation à faire les trajets les plus longs au sein de la métropole. Les Nemo ne peuvent faire que des trajets très précis avec des stations de recharges fixes. D'autant plus qu'ils n'ont qu'une autonomie de 150 km par jour contre 250 km avec les bus au biogaz. "Le réseau de proximité est très étendu dans la métropole et pour ces distances, les bus électriques ne sont pas adaptés", conclut Jean-Claude Renaux. 

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