Partie à Versailles en février, la momie Setjaimengaou doit être de retour à Amiens le 13 janvier 2023. Entre temps, tout un travail de restauration et de reconstitution de l'histoire est en cours.
Le retour de la momie à Amiens est imminent. Alors non, il ne s'agit pas du scénario d'un film hollywoodien : Setjaimengaou, qui est exposée au musée de Picardie depuis le XIXe siècle, est en ce moment au Centre de Recherches et de Restauration des musées de France à Versailles (Yvelines) depuis février dernier. Son retour est attendu le 13 janvier 2023.
Ne pas la rendre neuve mais la préserver en l'état
L'objectif de la restauration n'est pas de la rendre neuve mais de la préserver en l'état pour ralentir la décomposition et lui permettre de traverser encore de nombreuses années derrière sa vitrine.
Pour ce faire, il y a eu plusieurs étapes à suivre. D'abord, des appels d'offres se sont tenus entre février et juin. Des équipes de restauration sont venues pour estimer le travail et faire leurs devis. En juin et juillet, des scanners et des radios de la momie à l'intérieur de sa boîte ont été réalisées pour mesurer l'état général de fragilité ou encore découvrir et déterminer la composition de certains matériaux et minéraux.
C'est seulement après toutes ces étapes que les opérations de restauration ont pu commencer. La saleté et la poussière sont retirées, les morceaux de tissus sont recollés et certains sont changés. Quatre équipes de restauration, toutes françaises, s'attèlent chacune à une tâche différente : le bois, la peinture, les tissus et les restes humains. Cette opération dure 50 jours. Ensuite, Setjaimengaou pourra revenir à Amiens.
Reconstituer l'histoire
La momie a été acquis par la Société des antiquaires de Picardie en 1839 avant l'ouverture du musée. Un siècle et demi plus tard, elle avait subi des examens radiographiques et scanographiques au CHU d'Amiens en 1994 qui ont permis de déterminer son sexe et son âge : c'est une femme de grande taille qui serait morte autour de ses 40 ans et qui aurait eu plusieurs enfants. La raison de son décès n'a toujours pas été déterminée.
Des questions en suspens
La restauration actuelle de la momie permet aussi de croiser des éléments de recherche avec la restauration d'autres momies en France et tenter de reconstituer l'histoire. En effet, il y a plusieurs styles de peintures sur le sarcophage, ce qui induit que plusieurs artistes ont travaillé dessus.
De nombreuses questions se posent alors : s'agissait-il d'artistes ou d'artisans, d'un atelier de confection de sarcophage ou d'un travail artistique ? Pour rappel, les peintures et hiéroglyphes ont une signification et une utilité pour l'au-delà : il n'y avait aucune notion d'art connue à l'époque.
Dernier point important : les équipes de recherches tenteront de déterminer si le sarcophage et la momie correspondent. Car à l'époque de l'achat, la fascination pour l'égyptologie a mené à un véritable business de la momie en Europe. Les vendeurs n'avaient aucun scrupule à réunir des éléments qui, au départ, n'avaient rien avoir ensemble pour optimiser le prix de vente.
En attendant que Setjaimengaou soit de retour, les Picards peuvent venir au musée d'Amiens observer des fragments de momies habituellement conservés en réserve.