"Home Let", le premier poulailler du genre à Amiens s'est implanté début juillet dans le quartier Saint-Honoré. Encore en développement, il espère se transformer en expérience collective et favoriser l'échange entre les habitants du quartier.
À deux pas de la rue du professeur Christian Cabrol, dans le quartier Saint-Honoré, à Amiens : un chemin avec des pommiers en libre service, des ruches, et un enclos de 300 m2 dans lequel se promènent tranquillement trois poules. D'ici septembre, elles seront sept dans ce premier poulailler collectif de la ville. Une idée d'Anne-Marie Guiziou (professeur de français à la retraite et présidente du comité de quartier) et Éléonore Strub (auxiliaire spécialisée vétérinaire), pour "apporter un bout de campagne dans ce quartier qui s'y prête bien".
Sauvées de l'abattoir
"Nos poules sont issues de deux races différentes, explique Éléonore Strub. À terme on aura quatre Coucous des Flandres, une race originaire d'ici, un peu oubliée parce que légèrement moins productive que les autres, et trois poules de réforme." Ces dernières, trop vieilles pour les circuits industriels (seize mois ou plus) sont généralement destinées à l'abattoir. Avec un maximum fixé à dix poules, "parce qu'on ne veut pas recréer les conditions d'élevage industrielles", précise la co-fondatrice.Soutenu par la société d'économie mixte Amiens Aménagement, qui a financé les travaux et l'achat des gallinacées à hauteur de 12 000 euros, "Home Let" a vu le jour début juillet. Une dalle en béton a été coulée pour éviter l'intrusion des renards, un abri construit en ossature métallique et bardage bois et une cloture installée tout autour. Le tout réalisé par la société Terspective.
Forte dimension collective
Le reste est à la charge des deux créatrices qui en assument volontiers la responsabilité. Elles se fournissent chaque semaine en paille et en graines chez un fournisseur local qui leur vend ses produits à prix coutant et assurent elles-mêmes l'entretien du poulailler. Tous les matins, elles viennent dès 6h30 ouvrir l'abri de leurs protégées pour le fermer, tous les soirs, à 22h.La dimension collective et participative se situe tout autour du projet. "On aimerait vraiment que ce soit un lieu qui rassemble, souligne Éléonore Strub, en amenant les gens à se retrouver autour de repas et d'apéritifs partagés." Déjà, les gens peuvent déposer leurs déchets de cuisines (épluchures, restes de pâtes ou de riz), dont les poules sont friandes, dans un seau. L'excédent est collecté dans un bac à compost, dans lequel les habitants peuvent à leur tour venir se servir. Et la boucle est bouclée.Il faut être motivé car ça demande un investissement conséquent en temps, tous les jours, mais c'est à la portée de tout le monde.
Susciter d'autres initiatives
Mais ce n'est pas tout : par l'installation de panneaux explicatifs qui répondent à des questions simples sur les poules, l'initiative se veut aussi éducative. Et dès la rentrée prochaine, les deux créatrices espèrent intégrer les enfants de l'école maternelle Chemin des plantes, via des visites du poulailler. Enfin, un système de parrainage devrait voir rapidement le jour : les intéressés pourront, en échange de paille et de graine récupérer des oeufs de pontes.Début septembre, lorsque l'équipe de poules sera au complet, une inauguration officielle aura lieu pour marquer le coup et remercier la mairie ainsi que les habitants pour leur soutien. La page Facebook du projet compte déjà près de 200 intéressés et bientôt, les deux créatrices y organiseront une participation pour baptiser les différentes poules. L'appel à contribution y sera prochainement lancé.On aimerait que ce genre d'initiative fleurisse dans d'autres quartiers d'Amiens et on est prêtes à aider celles et ceux qui voudraient se lancer.