Le nom de code "Angela", déjà utilisé à Rouen et dans certaines villes anglo-saxonnes, permet de signaler discrètement au personnel une situation de harcèlement. Un dispositif qui permet d'aider les femmes en danger sans les exposer.
Il y a ces types qui nous abordent, ceux qui insistent un peu, et ceux qui vont trop loin. Insultes, intimidations, gestes déplacés... Parfois, on ne sait pas comment se sortir d'une situation de harcèlement.
Heureusement, une chouette copine a fait son arrivée à Amiens : Angela. Il suffit de demander au serveur, par exemple, s'il a des nouvelles d'Angela ou si Angela est dans le coin. Le personnel du bar devrait immédiatement comprendre cet appel au secours discret, et intervenir pour mettre en sécurité la femme en difficulté ou lui appeler un taxi. Si besoin, la police peut même être contactée en toute discrétion.
Les initiatives se multiplient en France
Car si de nombreux témoignages ou campagnes de prévention font état du problème de harcèlement dans la rue ou les transports en commun, la situation dans les bars n'est pas toujours plus brillante. De la drague très insistante au GHB glissé dans le verre quand on a le dos tourné, en passant par le contact sexuel non-consenti, la soirée entre potes peut vite tourner au drame. En Bretagne, à Rennes, un bar a décidé de mettre en place un cocktail fictif à commander lorsqu'on a besoin d'aide. À Lille, le label "bar sans relou" a même été mis en place par une association.
Que la peur change de camp
Pour le collectif féministe étudiant de Rouen, qui a lancé cette initiative en France, le but est de "produire un réseau de solidarité afin que cesse l'impunité des agresseurs". Souvent, ce sont les victimes qui ont peur ou honte. L'idée est donc de renverser ce rapport de force.
À Amiens, difficile de savoir exactement combien de bars participent à cette opération. Ceux du quartier Saint-Leu semblent en tout cas avoir été sensibilisés. Certains ont tout de même affiché un autocollant "Opération Angela" sur leur façade pour que les femmes comprennent tout de suite qu'elles peuvent utiliser ce code. Mais si le personnel de votre bar préféré n'est pas au courant, n'hésitez pas à lui en parler ! Et dans tous les cas, n'hésitez jamais à demander de l'aide si vous vous sentez menacée ou suivie.
Des chiffres inquiétants dans les Hauts-de-France
D'après le ministère de l'Intérieur, la région Hauts-deFrance est celle qui enregistre le plus d'infractions à caractère sexuel, avec 0,69 faits constatés pour 1 000 habitants sur la période 2015-2017. Des chiffres à relativiser tout de même, car toutes les victimes ne portent pas plainte, et donc tous les faits ne peuvent être recensés. Si les faits constatés sont bien moins élevés en Corse ou en Bretagne par exemple, cela ne veut pas nécessairement dire que ces régions sont plus "sûres" pour les femmes.Néanmoins, les études menées par le Secrétariat d'état chargé de l'égalité entre les femmes et les hommes révèlent que 15% des femmes âgés de 20 à 69 ans déclarent avoir été l'objet de "drague importune" au cours des 12 derniers mois, soit plus de 3 millions de femmes. Pire, 5% de ces femmes ont subi du harcèlement sexiste ou des atteintes sexuelles (exhibitionnisme, baiser forcé, etc.), ce qui représente 1 million de femmes victimes par an.