Depuis le 29 avril, le calendrier de réouverture des commerces est connu. Un plan par étapes doit permettre la levée du couvre-feu et des jauges restreintes d’ici le 30 juin. Si ces annonces rassurent les professionnels, le scepticisme reste de rigueur. Illustration à Amiens.
Encore un peu de patience, on s’en approche à grands pas. Le 19 mai prochain, un parfum de retour à la vie normale va se glisser dans nos narines.
?Le calendrier des réouvertures
— GNI-HCR (@GNI_CHR) April 29, 2021
?3 mai : fin des restrictions de circulation
?19 mai : couvre-feu à 21h, réouverture terrasses, commerces...
?9 juin : couvre-feu à 23h, réouverture des cafés, restaurants, rassemblements -1000 personnes autorisés
?30 juin : réouverture totale pic.twitter.com/kHVBWVeDN4
Cette date marque la première étape du calendrier de réouverture des commerces annoncé par Emmanuel Macron le 29 avril dernier. Les terrasses de bars et restaurants pourront à nouveau accueillir du public en jauge restreinte, dans la limite de six personnes par tablée.
Un couvre-feu reculé
Musées, théâtres, et cinémas pourront aussi rouvrir leurs portes. Le couvre-feu sera lui reculé à 21h.
"C’est une échéance qui nous convient. Elle fixe un cap suffisamment proche et éloigné pour nous laisser le temps de nous organiser", se satisfait Laure Dalon, directrice du musée de Picardie à Amiens. Même si la jauge définitive est encore en cours de discussion au ministère de la Culture, elle assure pouvoir "s’adapter à toutes les éventualités, grâce à l’expérience de l’été dernier". Le musée lancera sa prochaine exposition Chasseurs de trésor. Archéologie et bande dessinée le 29 mai et fera office de test grandeur nature.
Dans les bars et restaurants, en revanche, l’enthousiasme est tout relatif. "Je suis content mais sceptique", prévient Keven Catteaux, gérant du Network Bar à Amiens, en plein cœur de Saint-Leu, le quartier étudiant de la ville picarde. "Avec la jauge imposée lors de la réouverture, nous ne pourrons accueillir que 12 clients sur notre terrasse, contre une capacité maximale de 140 personnes, salle comprise", précise-t-il.
Pour le professionnel qui s’apprête à licencier un de ses six salariés, une réouverture serait même un mauvais calcul économique. "Ce n’est clairement pas une bonne idée car la jauge réduite de clientèle ne va pas compenser la perte des aides de l’État liée à la reprise de l’activité". Keven Catteaux promet de tester cette nouvelle jauge pendant deux semaines jusqu'à la fin du mois. Mais sans grande illusion : "Je vais certainement fermer fin mai parce que je vais travailler à perte", regrette-t-il.
Ouvrir, oui mais dans quelles conditions ?
Deuxième étape dans le calendrier du gouvernement, très attendue par Keven et tout le secteur de la restauration : le 9 juin. Les bars et restaurants pourront à nouveau accueillir du public en intérieur, de même que les salles de sport. Les salons et foires d’exposition seront autorisés à reprendre. La jauge des lieux culturels et sportifs sera réévaluée à 5 000 personnes. Le couvre-feu sera décalé à 23h.
"On nous annonce une date de réouverture mais on n’est jamais vraiment sûr car à chaque fois, c’est repoussé", peste Matthieu Thomas, responsable du Fitness Club à Amiens. "Et puis, on ne connaît pas encore les modalités d’accueil du public. On ne sait pas si les cours collectif seront autorisés". Le gérant de la salle de sport affirme avoir perdu la moitié de ses abonnements à l’année depuis octobre 2020, et se prépare à un été aride sur le plan financier. "Juin, juillet, août, ce sont les mois les plus bas de l’année. Les étudiants sont partis et les abonnements ne reprennent qu’à la rentrée en septembre".
Une activité estivale en question
Enfin, dernière étape annoncée par le gouvernement, le 30 juin, date de levée du couvre-feu.
Les évènements sportifs et culturels pourront être organisés sans limite de jauge au niveau national, sauf en cas de situation sanitaire dégradée localement. Leur accès pourra être conditionné à la présentation d’un pass sanitaire, notamment dans les stades, foires ou salon. En revanche, cette piste est exclue pour les bars, restaurants et cinémas.
Une disparition programmée des mesures sanitaires qui rassure à peine Keven Catteaux, le gérant du bar amiénois. "Je vais commencer à travailler en juillet mais d’ici là, il n’y aura plus d’étudiants. Et les touristes ne vont pas affluer cet été à Amiens."
Laure Dalon, quant à elle, s’avance avec le plein d’optimisme vers la saison estivale. "L’an dernier, notre avions eu une belle fréquentation. Nous avions ressenti un vrai manque du public", se rappelle la directrice du musée de Picardie. L’établissement avait mis en place un système de réservation par quart d’heure sur son site internet et par téléphone, pour échelonner le flux de visiteurs.
Un fonctionnement qui devrait être reconduit cet été, notamment pour découvrir une exposition autour des Puys d’Amiens lancée le 3 juillet prochain jusqu’au 10 octobre, "pour attirer quelques groupes scolaires à la rentrée".