Lors de son second jour de visite à Amiens, Emmanuel Macron a rencontré ce vendredi les anciens salariés de l'usine Whirlpool. Un échange durant lequel le chef de l'État s'est engagé à suivre le retour à l'emploi de chacun ainsi que l'avenir du site.
Les anciens salariés de Whirlpool veulent désormais des réponses. Que s'est-il passé pour que la reprise de leur usine par l'entreprise WN soit un tel fiasco ? Et plus encore aujourd'hui, il attendent des actions.
Nicolas Decayeux poursuivi pénalement
"C'est trop facile de mettre la responsabilité sur le dos de l'Etat", rétorque Emmanuel Macron. "Le repreneur, ce n'est pas l'Etat qui l'invente, ce n'est pas l'Etat qui vient le chercher, ce n'est pas un copain à moi, on ne le connaissait pas."
Pourtant le projet du repreneur en question, Nicolas Decayeux, est jugé solide par l'Etat auquel il accorde 2,5 millions d'euros pour s'implanter et sauver une partie des emplois après la fermeture de Whirlpool. "Dans une reprise il y a toujours une part de risque, admet le président de la République, le type s'est planté, il sera poursuivi pénalement."
Le 15 septembre, le procureur de la République d'Amiens a annoncé avoir ouvert une enquête préliminaire pour abus de biens sociaux à l'encontre de WN. Cette enquête fait suite aux conclusions d’un audit qui pointe du doigt des dépenses injustifiées.
Une structure pour le suivi des salariés
"La question qu'il faut se poser aujourd'hui, c'est de savoir ce que l'on fait des gens qui sont sur le carreau", lance Serge Toutain, représentant des anciens salariés de WN. Ils sont près de 200 à ne pas avoir retrouvé d'emploi. 44 ont été repris par Ageco et seulement une dizaine ont été reclassés depuis juin dernier."On est trop vieux", répond une ancienne salariée. "Cela fait deux ans que je suis à la maison et que je veux travailler, mais on n'a rien pour moi."
Une cellule de suivi spécifique a été mise en place par Pôle Emploi. Pas assez pour une autre ex-employée. "J'ai eu des entretiens avec Pôle Emploi, j'ai parlé de mon mal-être, je n'ai pas été entendue." "Moi je vous entends", lui répond Emmanuel Macron, indiquant par ailleurs qu'une structure, avec notamment une cellule psychologique, sera mis en place pour assurer le suivi des anciens salariés de Whirlpool et WN.
Des pistes pour la reprise du site
Les locaux de l'usine Whirlpool à Amiens sont aujourd'hui vides. Le site appartient à la fois à Amiens Métropole et Ageco. L'objectif est donc d'assurer sa revitalisation.Le député François Ruffin, de son côté, propose qu'il garde sa fonction initiale, avec une entreprise qui produirait des lave-linges sans obsolescence programmée comme c'est le cas en Suisse.
Mais deux pistes sont apparemment en cours, dont Ynsect, une entreprise spécialisée dans l'élevage d'insectes. Elle y installerait une partie de ses bureaux d'études. Contactée, la société a répondu qu'elle s'implantait bien à Poulainville en 2021 et que "le Président faisait sans doute référence au projet déjà évoqué par Ynsect d’une évaluation en cours de l'opportunité du site Whirlpool pour implanter d'autres activités."
Une autre société aurait également manifesté son intérêt pour un autre bâtiment, a annoncé Agnès Pannier-Runacher, secrétaire d'État auprès du ministre de l'Économie et des Finances, sans donner plus de détails.
Ageco fait par ailleurs partie des solutions. Elle emploie aujourd'hui entre 70 et 80 salariés et pourrait prendre de l'ampleur.
Un bilan des solutions proposées doit être réalisé dans trois mois selon le chef de l'Etat.