Sortie en salle mercredi 14 septembre, Tout fout le camp, la nouvelle comédie de Sébastien Betbeder, a été tournée en Picardie, et notamment à Amiens. Un film à la croisée des genres que son réalisateur ne se voyait pas filmer ailleurs en France.
"Moi, je voulais devenir un vrai journaliste et je me retrouve au Courrier Picard", lance Thomas, le personnage interprété par Thomas Scimeca, dans un rire jaune. Dans Tout fout le camp, en salle depuis le 14 septembre, il incarne un pigiste chargé par son journal de faire le portrait d'Usé (interprété par lui-même), un musicien atypique et ancien candidat à l'élection municipale d'Amiens. Alors que les deux hommes apprennent à se connaître, ils découvrent le corps inanimé de Jojo (Jonathan Capdevielle). Mais ce dernier ressuscite… Comédie flirtant avec le fantastique et le gore, Tout fout le camp a été tournée en Picardie, notamment à Amiens, dans la Somme.
"Je connaissais très peu cette ville. C'est ma rencontre avec Usé qui a déclenché cet intérêt et cette envie de mettre Amiens au cœur du projet", explique le réalisateur Sébastien Betbeder. Car Usé, de son vrai nom Nicolas Belvalette, interprète son propre personnage. En 2014, le musicien et chanteur se présente à l'élection municipale d'Amiens après avoir fondé son parti, Sans Cible, au programme loufoque. Il récolte un peu plus de 2% des voix au premier tour.
"Je connaissais un peu sa musique et j'avais entendu parler de cette histoire de campagne électorale. C'est en le voyant sur scène que j'ai eu l'envie de le filmer", raconte le réalisateur. "Amiens a été une évidence parce que l'histoire d'Usé est intrinsèquement liée à cette ville et je ne me voyais pas du tout le faire ailleurs. C'était très important de partir de ce réel-là", souligne Sébastien Betbeder.
"Même si tout fout le camp, tout est encore possible !"
"Le casting est intéressant, il y a beaucoup de têtes qu'on connaît, et un décor assez varié. Et c'est plutôt chouette de reconnaître les décors", s'enthousiasme un Amiénois à la sortie d'une séance mercredi 14 septembre. "C'est une vraie histoire d'amitié entre cinq personnages. C'est assez touchant", abonde un autre spectateur. Une remarque qui a de quoi ravir Usé. "Pour moi, ce sont des personnages hyper seuls et perdus dans une société complètement foutue. Et je trouve ça hyper poignant", appuie le musicien.
"Tout fout le camp" met en scène des marginaux. Mais "des marginaux dans le meilleur sens du terme, c'est-à-dire des gens qui refusent la règle, qui refusent de se soumettre", note Sébastien Betbeder. "C'est un film qui, au fond, donne de l'espoir : même si tout fout le camp, tout est encore possible !", se réjouit-il.
"Un film inclassable"
Huitième long-métrage du réalisateur après notamment "2 automnes, 3 hivers" (2013), "Le Voyage au Groenland" (2016), "Ulysse et Mona" (2018) et "Debout sur la montagne" (2019), ce road-movie en Picardie s'amuse à mélanger les genres. "Ça m'intéressait que ce film soit relativement inclassable", confie Sébastien Betbeder, qui souhaitait avant tout réaliser une comédie.
"Pour raconter cette histoire assez singulière, j'avais envie de ne rien me refuser et de m'accorder des échappées vers le cinéma de genre, le cinéma gore, le cinéma fantastique, mais sans jamais m'éloigner de ce qui me semblait le plus important : raconter des personnages qui se débattent avec l'époque et qui ont cette volonté de résister", expose le cinéaste. "Tout fout le camp" est à découvrir en ce moment dans les salles amiénoises et partout en France.